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Commentaires

1. Le jeudi 4 octobre 2018 à 08:41, par Dominique Frochot

J’ai joué. Les yeux ont balayé la liste (descente, montée, descente) et se sont arrêtés sur « DIERESE », le plus facile à reconnaître au premier coup d’œil.
Les trois du milieu ont pris sens aussitôt que j’ai pu me détacher de la remarque de la maîtresse indiquant que tous les mots commençaient par les trois mêmes lettres et que je les ai « coupés » au bon endroit (conclusion pédagogique : moins l’enseignant en dit, mieux tout le monde se porte ! 😊 ).
Pour le premier, les yeux ont bien suivi jusqu’à « LAMINO » puis ils se sont pris les pieds dans le tapis.
J’ai donc eu recours au backchaining pour en venir à bout plus facilement. PHYLLINE – THEOPHYLLINE – ETHYLTHEOPHYLLINE etc. Quand j’ai pu le lire en une fois dans le bon sens, j’ai re-décomposé pour trouver des unités de sens (enfin, de façon très parcellaire, parce que je n’avais pas été particulièrement attentive en cours de chimie et en plus, c’était il y a très longtemps !) : DIETHYL : ok, c’est un gaz. AMINO : un truc en rapport avec des acides aminés ? Quant à la THEOPHYLLINE, tout ce que j’en sais, c’est qu’on en trouve dans le thé… (conclusion pédagogique : le backchaining utilisé en LVE est également applicable ailleurs).

2. Le jeudi 4 octobre 2018 à 22:56, par Alain Miossec

J'ai joué moi aussi avec balayage de la liste et les trois lettres...DIE...mais où ça commence et ou ça fini pour dire ? Sans parler du comprendre !

DI/ETHYL/AMINO/ETHYL/THEOPHYLLINE
Chercher du sens toujours, va et vient entre le global d'abord avec un nom de médicament, d'un composé chimique, et isoler des parties qui font sens..., retrouver des mots connus, d'abord ethyl / amino / éthyl...puis le préfixe di...confirmation d'un sens possible...j'arrive à dire le mot à la fin.

DIETO/TOXICITE idem sur le sens ...je saisi toxicité d'abord et ensuite isole diéto (rapport avec un régime ?)

DI/ENCEPHALE idem sur le sens... je repère encéphale et puis conclus avec di

DIESEL/IFICATION idem sur le sens...je repère diesel presqu'en même temps que le suffixe ification

Conclusion : on ne prononce, sonorise rien pour comprendre...on ne peut pouvoir le dire à l'oral sans entrer dans la compréhension...on cherche du sens à partir du connu avec va et vient global/ parties (vocabulaire, registre culturel, élément de morphologie, étymologie...) pour arriver à saisir de quoi ça parle et même imaginer un contexte d'emploi. On sait le dire à l'oral après et non avant.

3. Le vendredi 5 octobre 2018 à 11:55, par Laurent CARLE

Et en bonus :
DIETETIQUE DIETE DIESE.
DIEU reconnaitra les siens à l’accent.

4. Le samedi 6 octobre 2018 à 06:49, par Benjamin Barbier

Bonjour,

J'ai joué.Le premier mot m'a posé des soucis dans la mesure où j'ai fait des allers retours successifs ainsi que des prélèvements sur ce long mot pour essayer de le comprendre. J'ai eu une pensée pour mes petits CE1 confrontés cette année au mot MELATONINE dans un documentaire sur le sommeil. Les consignes ministérielles stipulaient que les élèves devaient lire celui-ci seuls ! ! ! Les consignes étaient sottes ! J'ai donc fait ce que j'avais à faire.Bref ! Pour revenir à l'exercice, j'ai pu comprendre le sens du premier mot grâce à wikipédia.

Pour les autres mots, j'ai reconnu encéphale,toxicite, et diesel.
Mais ça ne m'a pas aidé à les comprendre complètement alors j'ai eu recours au dictionnaire.
Je ne connaissais que dierese grâce à synerese (classe de seconde).Par ailleurs, l'exercice du commentaire composé m'a fait fuir les poètes quelques temps !

Si je mets mes anecdotes de côté, je dirai que cet exercice m'a fait comprendre encore l'importance du contexte associé à un mot.
Je réussis à comprendre un mot dans son contexte et non isolément.
C'est la même chose pour les élèves.
Cordialement,
Benjamin

5. Le samedi 6 octobre 2018 à 09:41, par Eveline

Je trouve toutes ces réactions passionnantes et superbement complémentaires... Confirmation, s'il en était besoin de la richesse du travail de groupe : il met en commun des propositions individuelles pour aboutir à une véritable construction à plusieurs de conclusions possibles, vers ce que nous recherchons tous, une amélioration de la pratique pédagogique. Et cela, non seulement pour ceux qui ont joué, mais pour ceux qui n'osent pas dire ce qu'ils ont remarqué en jouant, sans nous le dire.
Ce qui ressort en effet des remarques de nos amis du blog, c'est une CLARIFICATION des raison de modifier la pratique, par une clarification des données du problème, et des directions possibles de ces modifications, une clarification sans grands mots savants, mais avec une rigueur qui la rend solide (On a un peu tendance, aujourd'hui à chercher, non pas une "modification" des pratiques, mais un "autre chose", ayant comme seule caractéristique d'être AUTRE, ce qui n'a jamais été une amélioration !).
Quels sont les éléments de cette clarification ?

1- que ni Dominique, ni Alain, ni Benjamin, n'a commencé par déchiffrer, même pour les mots "difficiles" : tous ont exploré l'ensemble d'abord.
2- que cette exploration visait la recherche de "sens", comme dit Alain, c'est-à-dire du CONNU. On ne peut avancer (apprendre...) qu'en s'appuyant sur du connu. Tous ont cherché ce qu'ils reconnaissaient.
3- et tous — Benjamin le dit fort bien — ont cherché à replacer les mots dans un CONTEXTE connu d'eux.

Il me semble que les retombées pédagogiques sont claires :
* donner l'habitude aux petits d'explorer l'ensemble des "choses à lire" qu'on leur propose avant de les lancer dans un déchiffrage, à la fois étranger à eux et difficile, sans contexte et sans reconnaissance.
* veiller à ce que ces "choses à lire" contiennent des éléments connus des enfants sous leur forme écrite : l'argument, souvent avancé par les auteurs de méthodes, selon lequel elles font référence à leur univers imaginaire (jouets, personnages etc...) n'en est pas un, car, pour le savoir, il faut avoir lu ! C'est sous leur forme ÉCRITE, qu'il faut que ce soit connu d'eux, sinon, tout est également difficile pour eux.
* Enfin au plan théorique, toutes les remarques démontrent qu'il faut en fait avoir reconnu le mot pour pouvoir le déchiffrer oralement, et les "exceptions" que sont des mots comme salade, ou tomate, n'en sont pas, car pour savoir que, dans ce mot-là "sa" est une syllabe, alors que dans "sauce", il faudra ajouter le "u" pour avoir la syllabe, eh bien, il faut avoir reconnu (compris) le mot.
Et, Laurent d'ajouter, en bonus : "N'oubliez pas Dieu !" Il est évident que ce dernier paraît, lui aussi, singulièrement réfractaire au déchiffrage oralisé ! Moralité : le déchiffrage oralisé est une clé qui n'ouvre que les portes déjà ouvertes.

Personnellement, j'aimerais bien qu'un de nos adversaires nous apporte les arguments (des preuves, pas des dénégations !) qui démontrent le contraire.

6. Le mardi 9 octobre 2018 à 20:14, par Anne

Entre une correction et une préparation de séance pour mes CP, j'ai joué 2 minutes : En un coup d'oeil j'ai vu : tout commence par "di" donc, comme disent mes élèves, c'est tout pareil...alors je n'ai pas lu en entier (surtout le premier qui est trop long!!!) et j'ai regardé la fin des mots pour voir de quoi il s'agissait : 2 m'ont "sauté aux yeux" : toxicité en encéphale...parce que je connais ces mots et puis j'ai vu "totoxicité" qui m'a bien fait rire (à cause des blagues de Toto!!!)...........voilà. J'avoue ne pas avoir lu les commentaires avant d'écrire le mien... La fatigue de la rentrée...et pour finir je me suis demandé (en revenant sur "di") si ça avait un lien avec "double" mais là j'ai pensé que non, c'est "bi" qui avait un lien....et enfin j'ai pensé "dys" mais non...ce n'est pas "di"....et j'ai abandonné...ces mots resteront un mystère pour moi!! Bonne soirée à tous.

7. Le mercredi 10 octobre 2018 à 14:21, par Eveline

Merci, Anne, d'avoir joué et de nous le raconter si joliment. Pour moi ce récit m'inspire deux remarques, qui appellent des questions :
1- On voit que vous avez pas mal cherché et réfléchi avant d'abandonner... Mais le petit bonhomme qui n'arrive pas à sortir de ce "di", qui ne lui dit rien, a-t-il le droit, lui, d'abandonner ? Et que peut-on faire pour lui ?
2- On voit aussi que vos recherches se dirigent toutes vers une quête du "connu" de vous... Cela confirme une remarque que les commentaires précédents avaient déjà suggérée, assortie d'une question : qu'est-ce que les syllabes artificielles, évidemment inconnues des enfants, peuvent leur apporter en matière de lecture, surtout quand, comme vous, chère Anne, ils ont une envie pressante d'abandonner ? Quelle conclusion devrait-on en tirer ?
Qu'en pensez-vous ? Qu'en disent les amis ?

8. Le mercredi 10 octobre 2018 à 21:19, par David.S

Quand j'ai lu ce que proposait Eveline, j'ai d'abord tout de suite compris qu'elle voulait nous démontrer quelque chose. En fait, j'ai d'abord contextualisé avant de lire (comme certains le disent plus haut).
Je me suis dit ensuite qu'effectivement, il me faudrait plusieurs aller-retours avant de comprendre ces mots complexes. Et puis, cela m'a tout de suite fait penser à une autre épreuve que j'avais vu sur un site, il y a quelques temps : "Et si vous lisiez comme un dyslexique, comment ce serait ?"

Je l'ai retrouvée, la voici :
1ere Epreuve
Vous êtes en stage dans une pharmacie.
Votre mission est de téléphoner dans un laboratoire pour passer une commande de médicaments.
I.
Vous classez les médicaments de la
liste par ordre alphabétique.
II.
Vous lisez à haute voix, à l’examinateur, cette liste comme si vous étiez au téléphone.
La note sera attribuée en fonction de l’exactitude du classement, de la clarté de la lecture orale de la commande (les hésitations et les erreurs seront pénalisées) et de la vitesse d’exécution.
Voici la liste:
2 boîtes de 12 sachets d’érythromycine
4 boîtes de 6 sachets de déxycycline
3 boîtes de 6 sachets de cotrimoxazole
6 boîtes de 16 cachets de destrarinephénylbutazone
9 boîtes de 12 gélules de prednisolone
12 boîtes de 9 ovules d’éthinylestradiol
13 boîtes de 12 ampoules de dexaméthasone
6 boîtes de 16 sachets d’acétylaspartylglutamique
7 bouteilles de lévocétirizine
6 boîtes de 16 cachets de dexchlorphéniramine

Le parallèle est vraiment intéressant avec ce que propose Eveline, car déjà à l'époque je me disais qu'avec cette épreuve, il ne prouvait en rien qu'un enfant est dyslexique. Encore faut-il avoir été bien formé à l'enseignement de lecture car pour beaucoup d'adultes et d'enseignants (mal formés) cette épreuve les conforte dans la croyance d'une multitude de dyslexiques chez nos élèves et surtout qu'il faut persévérer sur la syllabique car seule cette méthode sauvera les élèves...

Pourtant je ne sais pas bien prononcer "érythromycine" et je m'en fiche un peu car je reconnais ce mot comme un médicament (le contexte de l'épreuve me l'a donné : je suis en stage en pharmacie.)
En quoi bien prononcer ce mot va me rendre meilleur en compréhension des écrits ?

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