Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentairestag:charmeux.fr,2024:/blog/index.php2024-03-19T10:40:43+01:00DotCleardaily12024-03-19T10:40:43+01:00Enseigner, ça veut dire quoi ? - laurent carle2024-03-02T14:57:57+01:00tag:charmeux.fr,2024-03-02:/blog/559/16785laurent carle<p>« Une école de la justice et de la démocratie », c’est provocateur, déstabilisant et subversif.<br />
<br />
Et le programme ? Va-t-on sacrifier l’avenir des bons élèves pour fonctionner en école sans échec ?<br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-28T11:21:08+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-28:/blog/556/16784laurent carle<p>« Enfin COMMENT peut-on encore penser que l'efficacité de l'apprentissage de la lecture, repose sur les manuels d'apprentissage choisis ? »<br />
<br />
On ne le pense pas, on le croit. Croire simplifie, penser est complexe. Croire est plus facile que questionner et chercher, plus apaisant que douter.<br />
<br />
Plus précisément, le système scolaire, parents inclus, se divise en deux groupes. Les idéologues et prédicateurs, gardiens du temple dits formateurs, répandent la supercherie, en s’inspirant de la manière dont les politiciens, quand ils sont en campagne électorale, diffusent leurs promesses à ceux qui les croient. Par le mensonge. Les utilisateurs et usagers naïfs, 95%, qui les écoutent et achètent leurs manuels, ne pensent pas, ils croient.<br />
<br />
Outre les pratiques, certains reprennent à leur compte en témoins savants et disciples bénévoles la théorie de l’écrit comme simple transcription graphique des phonèmes de la langue orale, nommés « syllabes », et adoptent avec enthousiasme l’idéologie qui la fonde, la soutient et l’accompagne : « la maitrise de l’écrit se mérite ! Les élèves qui ne travaillent pas (la méthode) n’apprennent pas lire ».<br />
<br />
Sur la place où tout est tranquille<br />
Une fille s’est mise à chanter<br />
Et son chant plane sur la ville<br />
Hymne d’amour et de bonté<br />
Mais sur la ville il fait trop chaud<br />
Et, pour ne point entendre son chant,<br />
Les hommes ferment les carreaux<br />
Comme une porte entre morts et vivants<br />
<br />
Ainsi certains jours, paraît<br />
Une flamme en nos cœurs<br />
Mais nous ne voulons jamais<br />
Laisser luire sa lueur<br />
Nous nous bouchons les oreilles<br />
Et nous nous voilons les yeux<br />
Nous n’aimons point les réveils<br />
De notre cœur déjà vieux<br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-20T10:18:45+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-20:/blog/556/16783laurent carle<p>INFORMATIONS ACCESSIBLES ET COMPRÉHENSIBLES<br />
<br />
On ne va pas changer le monde, ni même l'école. C'est vrai.<br />
<br />
On ne peut pas changer l’école mais on peut la questionner : « à qui profite le tri des élèves, le maintien et la conservation en l’état du système de tri et du régime politique régnant dans l’école ? ». L’information est importante parce que l’ignorance est la mère de la soumission et la fille de la domination.<br />
<br />
Le tri social à l’école n’est pas au choix du ministre. C’est la propriété structurelle et la finalité du système scolaire français dont les personnels ont perdu l’histoire, l’origine, l’intention, le but, et en ignorent aussi la part qu’ils assument collectivement et personnellement, sans recul et sans questionnement. De nos jours, ce tri est mis en évidence par les écarts constatés entre élèves français aux épreuves PISA. Ce n’est pas le ministre qui élimine, c’est le système de tri conforme aux traditions scolaires et aux intérêts des classes supérieures, après et pour neutraliser la réforme Haby qui permit aux enfants du peuple d’entrer au collège. Démographisation du secondaire, mais pas démocratisation : pourquoi ? La popularisation du secondaire a engendré le tri éliminatoire et sélectif. Ce système est si fortement enraciné dans l’école et dans les âmes que toute pédagogie est forcément une résistance à l’occupation. Les esprits « occupés » ne voient pas ce qui se joue chaque jour. Faire « réussir » les « méritants », c’est désigner les éliminés comme responsables et coupables de leur « échec » mérité.<br />
<br />
Les pédagogues ne changent pas l’école, ils en créent une autre, comme une ile dans l’océan, démocratique et pédagogique comme la souhaitait le ministre Haby. Pour le faire, ils se séparent du système scolaire, en divorcent et coupent le lien qui les mettait en dépendance avec l’école du tri. Ce n’est pas facile et parfois c’est douloureux. Il faut du courage, de l’audace même, pour lâcher le confort intellectuel des us et coutumes, de l’ignorance savante et embrasser le doute et la recherche. <br />
<br />
Comment je peux faire pour bien faire ? Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? Où je peux trouver comment bien faire ? <br />
<br />
Pour celui qui souhaite une société meilleure, plus de justice et d’égalité républicaine, qui s’oppose au tri dont il découvre, incrédule, les armes et les outils silencieux, que faire ?<br />
<br />
Il peut se rapprocher des Mouvements pédagogiques et rencontrer leurs militants, les réseaux de résistance (qui ont des réponses concrètes aux questions) : GFEN (Education Nouvelle), ICEM (pédagogie Freinet), AFL, et autres. <br />
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Il lit ou relit les sites et ouvrages de Philippe Meirieu, Éveline Charmeux, Jean Foucambert et autres bêtes noires des conservateurs, trois des résistants les plus connus.<br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-19T09:42:58+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-19:/blog/556/16782laurent carle<p>Olivier,<br />
<br />
On ne change pas le monde, ni l’école, mais, dans sa sphère d’activité et son rayon d'action, on peut participer au progrès humain, social, éducatif, politique (au sens athénien) et cesser de domestiquer l’enfance.<br />
<br />
Pour trier il n’est pas nécessaire d’en avoir l’intention délibérée. Tout adulte conforme et loyal avec l’école gravée dans ses souvenirs d’enfance peut trier à son insu et sans le vouloir. Il suffit d’adhérer à l’idéologie régnante et de pratiquer d’après le modèle de sa propre scolarité, selon ce qui se fait alentour, sans se poser de question. <br />
<br />
On peut aussi interroger les pratiques de tri conformes à l’idéologie et livrées par la tradition : <br />
<br />
• dictées, méthodes « de lecture », leçons à mémoriser par cœur, faire travailler, contrôler le travail, rappeler que le travail est la clef de la « réussite », punir pour le travail, noter, classer, devoirs supplémentaires, commentaires négatifs oraux ou écrits en rouge, interrogation surprise pour « lire » à voix haute un paragraphe du « livre de lecture » devant les camarades qui ont le texte sous les yeux et sous le doigt pour suivre, interdiction de la coopération, de l’entraide, de l’échange, de la parole, des interactions, des déplacements, de la solidarité et de la mutualité.<br />
<br />
Toutes individualisent, isolent chacun, prohibent le partage des savoirs qui perturberait le tri et l’élimination que l’idéologie nomme « échec ».<br />
<br />
Quand on sait ce qui trie, on sait ce qu’il ne faut pas faire. Avec la connaissance et la conscience, on trouve ou retrouve la liberté de penser et de faire, délivré des influences et des pressions.<br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-18T15:38:45+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-18:/blog/556/16781laurent carle<p>Olivier,<br />
<br />
Le tri scolaire en fonction de l’origine sociale ne commence pas aujourd’hui avec la décision d’un ministre d’autoriser les groupes et classes de niveau au collège. Pour dater le début du tri, il faut remonter à la création de l’école primaire par François Guizot (1832), quand les lycées payants (jusqu’en 1936) étaient réservés à l’aristocratie et à la bourgeoisie, la paroissiale et la communale alphabétisaient les enfants du peuple avec un syllabaire, cet ersatz de lecture toujours distribué, qui oblige les familles qui savent lire à faire le travail de transmission de l’écrit. <br />
<br />
Les matières enseignées, les contenus, les modes de transmission des savoirs, les us et coutumes, les rites et l’évaluation des acquis pratiqués depuis Guizot, participent mécaniquement et silencieusement au tri scolaire en balayant idées, projets communs et en commun de découverte des voies qui conduisent au savoir (apprendre à apprendre). Combiné avec l’interdiction des échanges et la soumission au silence, paradoxalement, l’enseignement de la syllabation chantée avec un syllabaire, aujourd’hui nommé méthode, présentée comme la base de la lecture, vise à séparer les enfants bien nés, entrés lecteurs au CP, des mal nés qui viennent à l’école pour apprendre ce que les premiers ont acquis en famille dans l’agir et dans l’échange, par identification et imitation. J’entends par bien né celui qui est né dans une famille de lecteurs (malgré l’école), par mal né, la progéniture de parents déchiffreurs non lecteurs (en conformité avec l’enseignement scolaire). Car le poison cognitif n’affecte pas que l’écolier au présent, il empoisonnera aussi son avenir social et sa descendance. Le tri éliminatoire par « mise en échec en lecture » ne se limite pas à interdire de penser l’écrit, il met en stand-by l’esprit critique et la réflexion dans la vie de tous les jours. Le poison ne s’arrête pas là. Être éliminé par la défaite en compétition dévalorise, rend perdant, vaincu, honteux, résigné, coupable, détruit confiance et estime de soi, longtemps après l’école. Comme l’économie de marché, leur niveau de vie, le système de tri par compétition ne ruine que les pauvres.<br />
<br />
L’enseignement de l’orthographe par la dictée achève le tri commencé avec la méthode. <br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Astro522024-02-16T17:02:38+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-16:/blog/556/16780Astro52<p>Laurent,<br />
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Je ne suis pas forcément en désaccord avec ton analyse, d'ailleurs si je situe l'enjeu de mes propositions dans le registre de l'apprendre aux enfants à apprendre malgré l'école, c'est que ça fait longtemps que je n'en attends plus rien d'autre que ce que tu en décris.<br />
<br />
Mais une fois qu'on a dit ça on fait quoi ? Parce qu'on ne va pas changer le monde, ni même l'école, encore moins en écrivant des machins que personne ne lira.<br />
<br />
Supposons que je sois parent aujourd'hui, d'enfants ni très bien nés ni très mal nés, parce que c'est loin d'être binaire, pas expert en pédagogie mais que je veux bien faire. Comment je peux faire pour bien faire ? Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? Où je peux trouver comment bien faire ?<br />
A défaut de pouvoir faire de l'école autre chose que ce qu'elle est, au point point de non-retour abyssale où elle est tombée, ce qu'il faudrait au moins c'est que ces informations soient rendues accessibles et compréhensibles par ceux qui veulent les avoir. Au-delà, tant pis. Ce n'est culpabiliser personne que de reconnaître qu'on ne sauve pas les gens malgré eux. Mais qu'au moins ceux qui veulent faire la démarche aient accès à un "mode d'emploi" face au déluge de désinformation qui s'abat sur l'école et sur la société.<br />
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</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Publius Terentius AFER2024-02-15T10:39:59+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-15:/blog/556/16779Publius Terentius AFER<p>Quinta delirata placent.</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Laurent Carle2024-02-13T18:08:09+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-13:/blog/556/16778Laurent Carle<p></p>
Trier par privation de sens.<br/>
Vendue en lieu et place de l’égalité des droits aux savoirs, à l’instruction et à la culture, l’égalité des chances est une contrefaçon. L’égalité authentique n’est possible que dans une école libératrice, émancipatrice, démocratique, non compétitive. Oui mais voilà, nous sommes de grands enfants attardés, crédules et soumis à l’idéologie dominante que nous avons reçue, écoliers, et que nous transmettons aux générations qui suivent. Nous croyons que la méthode « de lecture » est un outil pédagogique et que l’imposer est un acte éducatif. Nous pensons qu’évaluer, noter, juger, classer, trier, sélectionner, féliciter les gagnants, c’est éduquer.<br/>
Entre maitresses de maternelle, de CP, collègues, rééducateurs, orthophonistes, pédopsychiatres, généralistes, psychologues, conseillers pédagogiques, inspecteurs, recteurs, éditeurs scolaires, auteurs de méthodes, journalistes, écrivains, cinéastes, universitaires en sciences de l’éducation, ministre et personnel du ministère, règne un contrat non écrit, tantôt tacite, tantôt proclamé, célébré comme un culte. Ce contrat symbolique est signé au bas de la règle systémique qui détourne les écoliers de la lecture, surtout et seulement les « défavorisés », en les orientant vers la syllabation (faire le bruit des lettres par association consonne-voyelle, unité par unité) qui escamote le sens de l’écrit et sa complexité. Dans la méthode, syllabaire moderne, outil auquel les anglo-saxons attribuent le qualificatif « explicite » pour mieux séduire ses utilisateurs, l’écrit n’a pas de sens, le sens est forclos. Les méthodes et leçons de lecture suppriment tout ce qui porte, véhicule et confirme le sens de l’écrit, ponctuation, majuscules, alinéas, lettres orthographiques que la syllabation ne peut pas sonoriser. L’enseignement explicite ne dit rien du format, de la mise en forme, des illustrations, des espaces, de la taille et du corps de la police. <br/>
L’apprentissage de ces subtilités silencieuses est laissé aux bons soins des parents qui lisent. Ce domaine de transmission du savoir artificiellement nommé éducation est déclaré appartenir sans partage à la compétence des familles. Entre école à la française et classes sociales favorisées, la complicité muette est consacrée. C’est le dispositif le plus efficace pour trier et séparer lecteurs et non lecteurs par l’obligation scolaire d’emprunter « la voie indirecte » (détour par la phonologie imposé pour atteindre le sens) qui prive l’apprenti naïf et désinformé des signes et indices porteurs et transmetteurs du sens. C’est comme si on obligeait les sourds à sonoriser la langue des signes avant et afin de comprendre le discours gestuel signé.<br/>
Comment ?<br/>
C’est son origine sociale qui protège ou expose sans défense l’apprenti lecteur-déchiffreur à l’impuissance cognitive. Ce n’est pas l’écart culturel familial des pauvres qui crée le handicap de départ aboutissant à « l’échec », c’est la stratégie du leurre didactique méthodique qui n’égare que les enfants non lecteurs de parents non lecteurs. Ces enfants qui viennent à l’école pour y apprendre à lire foncent docilement dans le mur de la méthode de syllabation.
Les enfants de parents lecteurs ne tombent pas dans le piège. Chez eux, on lit et ils lisent comme on parle. Leur conquête de l’écrit commence par la saisie du sens avant de faire semblant en classe d’aborder l’écrit par le son pour se montrer conformes et respectueux de la règle. Seuls, les enfants mal nés sont décontenancés, trompés et pénalisés par la méthode. Dociles, candides et confiants, ils « lisent les lettres » et les enseignants s’étonnent qu’ils ne comprennent pas « ce qu’ils lisent ». Ils s’entendent reprocher de « mal lire » et finissent en échec lecture. Le tri est fait. Pour la suite de leur scolarité les conséquences sont déterminantes et dévastatrices. <br/>
Ce mensonge implacable les prive de sens pendant leur passage au CP d’abord. Ensuite, il va noyer leurs apprentissages dans le non-sens tout au long de leur parcours scolaire. Les enquêtes PISA et PIRLS nous en informent tous les trois ans. En France on ne le sait pas, on ne veut pas le savoir. Plus que collectif le déni est national, toutes classes sociales et catégories professionnelles confondues. Pire, on accuse les pédagogues de saboter l’école avec la méthode globale, l’Arlésienne. <br/>
En réponse, les ministres décident d’alléger les effectifs des CP, de créer des classes et groupes de niveau, de renouveler leurs instructions pour qu’on renonce aux méthodes mixtes au profit de la syllabique pure, de faire redoubler les élèves qui « lisent mal », de confier à la Sécurité sociale la prise en charge des rééducations orthophoniques des victimes de l’arnaque avec plus de phonologie et encore moins de sens, après avoir délégué à la médecine la charge d’ajouter « les troubles DYS » à la nomenclature des maladies scolaires. Ainsi, on cache bien que c’est le système scolaire qui est pathologique et pathogène. Bref, en faisant plus de la même chose on perfectionne le tri par l’échec en lecture (organisé). Enfin, on regroupe les élèves en classes homogènes pour se protéger contre l’intrusion d’une éventuelle démocratie républicaine dans des classes hétérogènes faites de diversité sociale.<br/><br/>
Démocratiser ?<br/>
Dans une république démocratique, les élus, ne se contentant pas de voter le budget, se pencheraient sur l’institution scolaire considérée comme lieu de transmission de la lecture et créeraient une Commission d’enquête. Constatant l’existence de barrières dressées devant la lecture, ils voteraient une grande loi comme celles sur le droit à l’IVG et l’abolition de la peine de mort. La duperie de la voie indirecte deviendrait un abus de confiance didactique sur mineur. Liberté, égalité et fraternité retrouveraient du sens. Les méthodes dites de lecture tomberaient sous le coup de la loi. Pendant l’enquête sur terrain où la tromperie est la norme, la commission se heurterait sans doute à la difficulté de mettre au jour, malgré l’omerta, la structure de l’arnaque, de la conceptualiser et de l’identifier après élaboration, forcément controversée, de la définition du lire en situation non scolaire.<br/>
Malheureusement, hormis les pédagogues et les enfants mal nés décrochés par tri éliminatoire, l’enseignement scolaire convient à tout le monde. Il n’y a pas péril en la demeure. Les victimes ne porteront jamais plainte puisque le délit d’abus didactique sur mineur n’existe pas dans la loi. Il ne peut pas exister parce que le système délictueux se définit lui-même comme la haute autorité, l’académie omnipotente et omnisciente, qui dit, promulgue et enseigne, sans commission de contrôle indépendante, ce que c’est que lire, savoir lire, apprendre à lire et « échouer ». <br/>
Donc, parce que priver de sens facilite l’élimination des enfants de la classe ouvrière, l’échec scolaire sera toujours la marque de fabrique de l’école à la française. Aucun débarquement en Normandie n’apportera la libération, l’émancipation, la démocratie et la pédagogie dans l’école.
Laurent CARLE (février 2024)Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-09T20:30:39+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-09:/blog/556/16777laurent carle<p>Olivier,<br />
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Par loyauté et en confiance, après être descendu d’une monture cabrée, on enfourche parfois un cheval de même tempérament que celui qu’on vient de refuser. Les mots ont longue vie. Ils s’imposent par ancienneté. Parce que l’estime que je te porte me l’interdit, je vais essayer de te répondre en pointant les effets à long terme des mots de l’école sur ta pensée et ton vocabulaire, sans croiser le fer et sans te critiquer. Si mes réponses te semblaient critiques, ce serait involontaire de ma part.<br />
<br />
"ta lecture politique passe à côté de l'aspect psychologique chez l'élève"<br />
<br />
Je suis bien placé pour savoir que la psychologisation des comportements scolaires est une forme d’individualisation savante qui cache mal sa cohérence (sa collusion) avec l’individualisme pratiqué à l’école. Elle camoufle la guerre des classes (sociales) qui se déroule à bas bruit en classe, la politique scolaire qui vise la reproduction des classes (sociales) et la division du travail par répartition en fonction de la naissance (que les avocats du système nomment « le mérite »). Le niveau socioprofessionnel des parents d’un jeune enfant de maternelle prédit son parcours scolaire bien plus surement que les batteries prédictives de tests des psychologues. Je sais de quoi je parle. En inventant l’individualisme, la réussite et l’échec, les idéologues de la pensée dominante nous ont convaincus que nous sommes individuellement et personnellement responsables de ce qui nous arrive, de notre destin, accidents compris. Quand on veut, on peut. L’école a toujours « réussi » avec efficacité à donner à chacun ce qui lui revient en fonction de son appartenance sociale, « selon que vous serez puissant ou misérable ». Alea jacta est, ce n’est pas chacun qui en décide, c’est l’école César.<br />
<br />
"la méthode est une organisation méthodique de l'interdiction de tout apprentissage, et les enfants - au moins ceux d'un certain milieu - obéissent à cette interdiction sans sourcilier."<br />
<br />
Aux enfants mal nés, les apprentissages ne sont pas interdits. Ils sont juste étouffés par l’obligation de mémoriser par cœur les faux savoirs dispensés par l’école traditionnelle, approuvés par la majorité.<br />
<br />
"faire comme si les enfants étaient obéissants... Seuls les enfants très abîmés le sont."<br />
<br />
Les enfants mal nés ne sont pas obéissants par choix personnel ou par incapacité à résister à la contrainte. Ils obéissent par innocence et ignorance naïve. <br />
<br />
"Les autres sont des petits coquins qui n'hésitent pas à s'affranchir des interdictions des adultes s'ils ont envie de faire, y compris de lire."<br />
<br />
Les enfants bien nés savent de famille et de naissance distinguer le vrai savoir du faux. Ils ne choisissent pas de désobéir. Par héritage, ils savent quoi apprendre, où et comment. Les savoirs nécessaires à la vie et ceux qui font gagner des bonnes notes en classe étant acquis hors de l’école, ils n’ont pas à désobéir pour les acquérir. Ça se passe sans malice, naturellement et malgré eux. Mais ils le font aussi pour gagner et rester en tête, sans culpabiliser parce que l’esprit de compétition est fortement encouragé par l’école.<br />
<br />
"Les élèves qui échouent sont ceux qui ne savent pas que les bons élèves sont comme ça, à l'intérieur."<br />
<br />
Personne n’échoue. Beaucoup perdent pour que les meilleurs méritants gagnent. Les mal nés viennent à l’école pour y apprendre ce que les bien nés reçoivent en famille, sinon au berceau. Et, par réflexe sportif et hostile, on les dirige méthodiquement et par tradition dans une impasse cognitive où, paradoxalement, ils s’égarent. Une fois trompés, perdus et triés, ils sont écartés, décrochés et éliminés de la compétition. C’est la loi du genre. Que la défaite soit corrélée avec le non apprentissage est regrettable mais incontournable. Un nageur qui se noie ne gagnera pas la compétition en bassin olympique. Mieux vaut éliminer que chronométrer. Économie de coups de sifflet.<br />
<br />
"Mais son potentiel de désobéissance, qui est premier dans la chose, dépend davantage de caractéristiques personnelles et psychologiques que du revenu de ses parents."<br />
<br />
A l’école, ce n’est pas le capital économique qui fait gagner, c’est le capital culturel écrit (mais pas que). Les enfants de profs qui ne sont pas riches peuplent les classes prépa.<br />
<br />
"les élèves qui ne réussissent pas"<br />
<br />
À l’école, réussir c’est gagner. Réussir appelle un complément.<br />
<br />
"des enfants prisonnier de l'inefficacité de l'école… dans une école aux méthodes inefficaces"<br />
<br />
L’école est très efficace (pour trier) grâce aux (vieilles) méthodes « qui ont fait leurs preuves ».<br />
<br />
Quand je signe la pétition « JE REFUSE DE TRIER MES ELEVES ! », je peux aussi me poser la question : <br />
« Quand j’enseigne la lecture avec la méthode, quand je fais dictée, quand je distribue des bons points à ceux « qui lisent bien », quand j’interroge, quand je contrôle, quand je corrige les copies et quand je punis pour le travail, qu’est-ce que je fais ?».<br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Astro522024-02-07T15:41:42+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-07:/blog/556/16776Astro52<p>Laurent,<br />
<br />
Je pense encore une fois que ta lecture politique passe à côté de l'aspect psychologique chez l'élève également. Pour toi, la méthode est une organisation méthodique de l'interdiction de tout apprentissage, et les enfants - au moins ceux d'un certain milieu - obéissent à cette interdiction sans sourcilier.<br />
Sur la première partie de la phrase je suis parfaitement d'accord, l'expertise technique permet de décortiquer précisément les ressorts de cette interdiction au regard des formes d'intelligence dont dispose l'enfant pour apprendre, et des automatismes et représentations toxiques qu'on tente de lui prescrire.<br />
En revanche faire comme si les enfants étaient obéissants... Seuls les enfants très abîmés le sont. Les autres sont des petits coquins qui n'hésitent pas à s'affranchir des interdictions des adultes s'ils ont envie de faire, y compris de lire. Ils n'ont aucun mal à jouer double jeu, pour toucher la récompense à satisfaire aux attentes des adultes par des pitreries méthodistes côté face, et faire clandestinement côté pile.<br />
Les élèves qui échouent sont ceux qui ne savent pas que les bons élèves sont comme ça, à l'intérieur. La remédiation experte consiste à les en informer.<br />
Alors bien sûr, l'élève qui décide faire, en fonction du patrimoine culturel ramené de la maison, a des moyens pour faire variables. Mais son potentiel de désobéissance, qui est premier dans la chose, dépend davantage de caractéristiques personnelles et psychologiques que du revenu de ses parents. D'ailleurs dans une fratrie, il est fréquent d'avoir deux profils opposés, alors qu'ils ont les mêmes parents avec les mêmes diplômes et les mêmes revenus.<br />
<br />
C'est là où je pense que les pédagogues passent à côté d'un vrai sujet, en ne mettant pas sur la table un des pires tabous en matière d'éducation : la comparaison. Alors c'est un vrai défi ! Qui n'a pas souffert d'avoir entendu les sempiternelles :<br />
"Ah si tu écoutais comme ta grande soeur !"<br />
"Ah si tu étais aussi autonome que ton cousin !"<br />
"Ah si vous pouviez tous travailler comme machine !"<br />
<br />
Mal pratiquée, la comparaison entre les individus engendre souffrance et frustration. Face à la provocation de cette souffrance, il y a deux types de réactions. Il y a ceux qui s'arrêtent, parce qu'ils voient qu'ils font mal, et ne veulent pas faire mal. Et il y a ceux qui voient qu'ils font du mal, mais qui continuent quand même, parce qu'ils sont persuadés que leur ressenti est la manifestation d'une vérité morale qui mériterait d'être ajoutée aux Saintes Ecritures.<br />
Mais au final aucun des deux ne fait... bien.<br />
Je pense qu'il est possible d'aborder la question des différences sans être blessant, même si ça demande des références qu'il faut sans doute aller chercher au-delà du seul champ de la pédagogie. En ce qui me concerne du moins, ce sont des références que j'ai acquises en exerçant d'autres métiers après avoir quitté celui d'instit' de l'éducation nationale.<br />
Ce qui aiderait vraiment les élèves qui ne réussissent pas, c'est de pouvoir découvrir que ça ne se passe pas du tout de la façon dont ils l'imaginent dans la tête des élèves qui réussissent. Alors bien sûr, si on a la complicité de ces derniers pour tomber le masque, bien que ce masque leur rapporte tant, c'est mieux.<br />
Il est tout à fait possible d'équiper techniquement les enseignants pour travailler là-dessus, même si ça n'a jamais été fait jusque-là. Ca demandera de les former à quelques concepts de psychologie qui ne sont pas directement de la pédagogie, mais qui sont très utiles en pédagogie aussi, mais qui au sein du champ de la psychologie restent tous très très basiques. Pas besoin d'un master en psychologie ou en autre chose, ni d'une formation longue, pour y accéder.<br />
<br />
L'avantage une fois qu'on a mis ça à plat, c'est qu'on permet à des enfants prisonnier de l'inefficacité de l'école de rejoindre les rangs de ceux qui savent apprendre malgré l'école. Ils apprendront ainsi plus efficacement, même dans une école aux méthodes inefficaces qu'on n'est pas près de pouvoir améliorer.<br />
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</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-06T13:34:20+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-06:/blog/556/16775laurent carle<p>ENFIN, <br />
pour échouer à l’école (ce qui signifie explicitement être éliminé de la compétition), il faut et il suffit de ne pas savoir lire. Celui qui n’a jamais vu de ses yeux un lecteur qui utilise l’écrit pour ce qu’il est, un média pour les yeux, syllabe docilement « sans deviner » comme l’enseignent la méthode scolaire et l’orthophoniste. La condition requise pour être éliminé : être né dans une famille de non lecteurs, syllaber comme prescrit par la méthode syllabique (ou alphabétique, c’est encore plus efficace). La méthode « simplifie » l'enseignement en donnant à déchiffrer des unités de langue élémentaires, des atomes linguistiques, des mots que les savants nomment transparents parce qu’ils s’écrivent « comme ils se prononcent ». On entend tous les bruits. La correspondance totale entre graphies et phonies ainsi fabriquée artificiellement légitime la méthode. Dépouillés des lettres qui signaleraient leur orthographe et révèleraient leur sens, ils sont insensés mais sonnent. C’est pourquoi le maitre conseille de se laisser conduire mécaniquement par la phonologie sans chercher à « deviner », même hors du manuel de syllabation. Quand on lit on ne pense pas ! <br />
<br />
Éveline nous dit que l’outil qui facilite le travail de l’enseignant complique l’apprentissage de l’élève. Pire, il l’empêche. L’alphabétisation inhibe la tentation de penser avec les yeux. Après avoir dit : « Tu liras quand tu sauras lire. Tu écriras quand tu sauras écrire sans fautes. », le maitre fait dictée d’un texte qui contient inévitablement des lettres muettes qui ne s’entendent pas, réalité évidente en société, inconnue ou ignorée à l’école. Cette injonction paradoxale est fatale et la double contrainte, mortelle. L’échec « en lecture » commence une longue série de cartons jaunes et rouges qui mettront définitivement sur la touche les mauvais élèves (les mal nés non lecteurs) qui « travaillent mal » (ce mot magique).<br />
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La méthode ne se contente pas de provoquer « l’échec lecture », la chute, pour les écarter de la piste, elle les forme à mettre leur cerveau, leur intelligence et leur personnalité en veille. Devenus des déchiffreurs qui ne pensent pas, adultes en république, ils se comporteront de même. On peut aussi observer ce comportement paradoxal chez ceux qui se sont pourtant échappé de la méthode (par exemple, certains anonymes de passage sur ce blog). Les éliminés décrochés et disparus ne sont pas victimes d’une erreur théorique, d’une incompétence professionnelle, d’une maladresse pédagogique, d’idées reçues ou d’idées folles. Ce sont les survivants amputés d’un guet-apens systémique antique, monté en embuscade, théorisé à l’époque où, pour écrire et lire, on utilisait des bésicles, une plume d’oie et un éclairage à la bougie. Fabriqué, enseigné, propagé aujourd’hui partout dans la France informatisée et numérisée, dans les centres de formation, dans les IO, les revues, la littérature, les journaux, à la radio, à la télé, sur les smartphones et au cinéma, le mensonge triomphe, se répand et n’épargne personne. Gens de lettres et gens de spectacle ignorent que déchiffrer n’est pas lire, même Pagnol. Personne n’est à l’abri. Dans ces esprits à haut potentiel de créativité, la méthode et la dictée sont les patrimoines historiques, intangibles et intemporels de la France. Les rescapés, les profanes et les arbitres croient sincèrement qu’apprendre sans méthode de syllabation est impossible. Les éliminés croient naïvement qu’ils ne savent pas lire parce qu’ils travaillent mal et qu’ils ne méritent pas de participer à la compétition qui se déroule sur la piste entre méritants « qui travaillent bien ». Ce coup mortel pour l’esprit et la cohésion sociale, tiré de loin par un artilleur terroriste anonyme, serait qualifié d’abus didactique sur mineur si la raison et la justice régnaient dans les esprits citoyens et au Palais Bourbon. <br />
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Ainsi éliminé, comme le souhaitait, de sa belle plume, l’abbé Art, l’ouvrier illettré ne ressentira aucune haine pour ceux qui l’exploitent et ne se lancera dans aucune grève aventureuse qui pourrait lui faire perdre son âme, la vie éternelle et réduire les profits des actionnaires, comme ce le fut en 1871 avec la Commune. Le pouvoir restera entre les mains de ceux qui le méritent de naissance. Si le PISA n’existait pas, tout serait parfait, les conséquences du mensonge didactique ne poseraient aucun problème au gouvernement français et à l’institution scolaire. Oui mais la France est mal classée aux JO scolaires, surtout en lecture. Alors, le chef politique fait appel aux scientifiques du neurone en accord avec l’idéologie du pouvoir : s’abriter derrière des rapports d’études anglo-saxonnes qui applaudissent les succès de la lecture au bruit. Pourquoi des spécialistes en psychologie du neurone plutôt que des pédagogues ? Parce que ceux-ci cesseraient de contrôler, de noter, de trier, d’empêcher les apprentissages, permettraient aux mal nés la maitrise de l’écrit et introduiraient le socioconstructivisme, la solidarité et la république. Ce serait la fin du formatage et de l’emprise sectaire sur les cerveaux en formation. « À chacun selon son mérite » (selon sa naissance) serait remplacé par « à chacun selon ses besoins ». <br />
<br />
L’officier de quart doit garder le cap. Il ne doit pas laisser le navire dériver vers la démocratie. Le médiocre classement aux JO est préférable au royaume de l’égalité républicaine. <br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-05T09:03:38+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-05:/blog/556/16774laurent carle<p>Je ne dis pas qu’il faut bannir la lecture à haute voix. Mais elle ne peut venir qu’après la vraie lecture visuelle, en présence d’auditeurs qui n’ont pas le texte sous les yeux et ne le connaissent pas. Sinon, c’est une évaluation du savoir-déchiffrer ou de la récitation à l’ancienne avec le ton (scolaire) que les auditifs finissent par mémoriser à l’oreille par répétition, comme les consignes d’exercice et les énoncés de problème. Ou une préparation en public et en concurrence au contrôle, ritualisée, pour apprentis lecteurs infantilisés, enfants de chœur rassemblés pour apprendre à servir la messe, qui récitent des psaumes en latin sans les comprendre. Ce sont ces acquis illusoires, ces faux savoirs s’écroulant comme châteaux de cartes, que découvrent, stupéfaits, les profs de 6e. Ce qui justifie à leurs yeux les classes de niveau, faute de filière parallèle. Car, si tout le monde déplore « le niveau », personne, ou peu, n’envisage la fin du mensonge, de la compétition et du tri.</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-02-03T09:59:35+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-03:/blog/556/16773laurent carle<p>C’est un plaisir de lire les commentaires de Benjamin et Olivier, à la suite du délicieux billet d’Éveline. Après les prestidigitations sémantiques de l’âne Onime, enfin des gens qui ne se livrent pas à une caricature de réflexion, qui pensent vraiment. Si le million de professionnels qui travaillent dans le système scolaire, ou à côté comme professions dérivées, doutaient et pensaient au lieu de croire les dogmes qui se colportent depuis deux siècles, les enfants apprendraient à penser l’écrit avec les yeux. Deviner, comme disent les prédicateurs, qui préfèrent les voir cloués sur la croix de l’ignorance candide.<br />
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I.O de 2002 <br />
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Ces rencontres avec les œuvres passent par des lectures à haute voix (du maître ou des élèves) comme par des lectures silencieuses.<br />
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Ni les politiques, ni les savants, même s’ils fulminent, n’imposent, pour le moment, la méthode qui empêche les pauvres d’apprendre à lire. L’école est encore laïque. Chacun a la liberté de choisir une des méthodes vendues et prêchées ou d’enseigner sans, en athée. Curieusement la loi sur l’interdiction des signes religieux tolère complaisamment les méthodes et les encourage. Les politiques enfoncent le clou des idées reçues sur l’apprentissage de la lecture, les savants l’enfoncent sur son enseignement. Les premiers confondent les deux actions, les seconds aussi. Mais peut-être n’est-ce pas nécessaire ? Créer un contexte, un climat, des guides pédagogiques, des sites, des blogs, des méthodes « modernes », suffit à plonger la France dans la foi du délire alphabétique. Les clichés, idées folles et idées reçues fonctionnent comme cache-sexe du délire national. Plus ils sont stupides, mieux ça marche. Tout se fait sous le signe de la communication « pédagogique » pour baladeurs de phonies, comme les « lectures tantôt à haute voix, tantôt silencieuses ». On voit bien que la voix (le bruit) précède le silence, comme une nécessité exigeante. La voie indirecte à l’école, c’est la haute voix. La lecture silencieuse est une lecture au bruit dont on coupe le son en réduisant le volume jusqu’à zéro, comme une locomotive à l’arrêt en gare. On chuchote son chapelet en chapelle. <br />
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Le mot « pensée » est toujours absent des instructions. Il est vrai qu’on n’entre pas dans un édifice religieux pour penser, mais par piété pour prier avec foi.<br />
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Pour transcender ses lecteurs, Boris Cyrulnik a conclu l’un de ses nombreux bouquins par cette réflexion de conviction en forme de boutade : « Il faut douter. Croyez-moi ! »<br />
</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Julos2024-02-01T16:54:54+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-01:/blog/556/16772Julos<p>Trop c'est trop ! Je n'ai plus les mots, juste une rage sourde qui me donne plus envie de hurler que d'argumenter, encore et encore.<br />
Entre une Men qui déblatère sur l'école publique pour masquer/excuser ses propres choix de bourgeoise privilégiée, le rapport de politiques qui enfoncent le clou des idées reçues sur l'apprentissage de la lecture...sans parler de la nomination d'une ministre de la culture très inattendue pour ne pas dire saugrenue !<br />
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Grrrrr ! </p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Eveline2024-02-01T10:14:05+01:00tag:charmeux.fr,2024-02-01:/blog/556/16771Eveline<p></p>
Chers Benjamin, et cher Olivier, j'ai lu avec plaisir vos post, aussi intéressants l'un que l'autre,et qui vont, je pense, susciter des commentaires passionnants. <br/>
J'adore ce constat, si vrai, de Benjamin : <br/>
<em/>Et quoi de mieux qu'un petit CP qui déchiffre en décembre. Quel beau cadeau pour ses parents ! Cela les rassure. Ouf ! Il est normal !</em><br/>
J'adore, mais c'est un constat désespérant. <br/>
Comment sortir de cette image profondément désolante du savoir lire, selon laquelle il faudrait que les enfants, pour devenir lecteurs, commencent par déchiffrer, alors que la réalité conduit à penser que le fait d'être déchiffreur barre, en fait, tout espoir de devenir lecteur. <br/>
En effet, un enfant-déchiffreur devient un lecteur-déchiffreur, c'est-à-dire un pseudo-lecteur, accédant lentement au sens de ce qu'il lit, donc vite fatigué de cette activité, et qui laisse de côté l'essentiel du sens de ce texte. <br/>
Mon expérience m'a prouvé (je l'ai déjà expliqué sur ce blog) que le fait d'entrer en lecture par le déchiffrage fait barrage à l'apparition d'une maîtrise effective de la lecture.
Quand on a commencé par le déchiffrage, on reste prisonnier d'une lecture lente, linéaire, et incompatible avec une lecture efficace. <br/>
Il faut empêcher les enfants de commencer par une lecture linéaire (ce qu'on a malheureusement fait pour la plupart d'entre eux !). <br/>
Il faut au contraire, leur apprendre à toujours commencer par une exploration du texte dans son entier, pour formuler des hypothèses de sens et à n'aborder la lecture linéaire que dans un second temps, pour valider ces hypothèses. Commencer par le détail, c'est s'empêcher de comprendre.Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - Astro522024-01-31T21:32:48+01:00tag:charmeux.fr,2024-01-31:/blog/556/16770Astro52<p>Bonjour,<br />
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Quand on voit ce qui est écrit dans ce rapport, on se dit quand même que le lobby de la désinformation pédagogique a vachement "bien" bossé.<br />
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On voit à l'oeuvre le modèle typique de l'extrémisme idéologique dans toute sa splendeur. Tout d'abord la négation du chemin déjà parcouru. Pour faire adopter des méthodes toujours plus intégristes dans leur syllabisme, il faut affirmer que les enseignants, qui pratiquent pourtant des méthodes syllabiques de plus en plus intégristes, pratiquent encore la "méthode globale". Et plus ils continueront d'adopter des méthodes toujours plus syllabiques intégristes, plus on continuera de les accuser de conserver une "méthode globale". D'autant que les résultats ne sont pas au rendez-vous, et il faut bien justifier cela en désignant des traîtres comme responsables. La promesse de l'extrémiste, c'est que les bénéfices de l'extrémisme arrivent sans crier gare, sans aucun signe avant coureur, tous en même temps, au moment précis où on atteint enfin l'extrémité ultime du bout du bout de l'extrême. Tant qu'on n'y est pas, il est normal de ne voir aucun des bénéfices promis malgré le chemin parcouru, et cela ne remet nullement en question l'idéologie. Allez toujours plus loin dans l'extrême, sans douter malgré l'absence de récompenses, les fruits sont tous au bout du chemin...<br />
<br />
Mais tout cela n'est qu'une stratégie de défense face au sadisme sans limites dont nous faisons preuve en tentant d'expliquer la pensée d'Eveline à des névrosés. Franchement, si on enlève aux adultes l'illusion de contrôler les enfants et leur apprentissage, il va leur rester l'illusion de contrôler quoi, après ? C'est le dernier truc sur lequel il leur reste l'illusion d'un contrôle total dans un monde de plus en plus insécurisant, et on voudrait leur retirer ? Ils n'ont que ça ! Et après Laurent va dire que c'est les vendeurs de manuels qui volent les pauvres ? Si les adultes ne peuvent plus mentir aux enfants, avec qui vont-ils encore pouvoir mentir et être crus ? Faudrait penser à eux aussi de temps en temps...<br />
<br />
Oui, c'est énervant... quand on veut absolument rationaliser l'apprentissage dans une école qui n'est ni un lieu de rationalité, ni un lieu d'apprentissage. Cela étant j'ai beau admettre cela, j'ai beau avoir totalement dissocié dans ma tête "école" et "apprentissage", ça reste énervant.</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - BARBIER BENJAMIN2024-01-31T09:58:42+01:00tag:charmeux.fr,2024-01-31:/blog/556/16769BARBIER BENJAMIN<p>Bonjour Eveline,<br />
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"En politique et en sociologie, diviser pour régner est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance que celui qui met en œuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question."<br />
<br />
La stratégie n'est pas nouvelle mais elle fonctionne à merveille pour "celles et ceux qui sont bien nés" comme le rappelle régulièrement Laurent.<br />
<br />
C'est très difficile d'aborder la question de la Lecture et sa place à l'Ecole sans que cela se termine par les louanges accordées à la syllabique et sa fille, la fluence...et leur saint-patron...Jean-Michel B...<br />
<br />
"Au moins ils déchiffrent..." C'est l'argument qui revient régulièrement. Comme cela nous avons l'air compétents auprès des familles !<br />
Et quoi de mieux qu'un petit CP qui déchiffre en décembre. Quel beau cadeau pour ses parents ! Cela les rassure. Ouf ! Il est normal !<br />
Et malheur aux "non-déchiffreurs" pour qui le chemin va être long...très long...<br />
<br />
Gabriel Attal, comme bien d'autres politiques, a bien retenu les leçons enseignées tout au long de son parcours scolaire : flatter le réac' jusqu'au fond de son ADN.<br />
Il y a donc des manuels méritants et des manuels qui sont bons à jeter à la poubelle.<br />
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Je sais, Eveline, que vous n'êtes pas favorable aux manuels. Néanmoins, lorsque vous quittez l'IUFM, c'est très rassurant pour nous, les enseignants qui débutons.<br />
<br />
Ce n'est que bien plus tard que l'on se rend compte de la supercherie.<br />
Mais pas trop tard !<br />
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Il y a malgré tout des manuels qui valent le coup si tant est qu'on ne prenne pas tout au premier degré.<br />
J'aime beaucoup "Lectorino" ou encore pour cette année "Une histoire par semaine".<br />
J'y retrouve une programmation et des choix qui me rappellent ce que l'on pouvait trouver dans les I.O de 2002 au "rayon lecture".<br />
<br />
Page 72 on pouvait lire ceci :<br />
"Le programme de littérature du cycle 3 vise à donner à chaque élève un répertoire de références appropriées à son âge et puisées dans la<br />
littérature de jeunesse, qu’il s’agisse de son riche patrimoine ou de la production toujours renouvelée qui la caractérise. Il permet ainsi<br />
que se constitue une culture commune susceptible d’être partagée, y compris entre générations. Ces rencontres avec les œuvres passent<br />
par des lectures à haute voix (du maître ou des élèves) comme par des lectures silencieuses. Elles permettent d’affermir la compréhension de textes complexes, sans pour autant s’enfermer dans des explications formelles difficilement accessibles à cet âge. Elles se<br />
poursuivent par des échanges et des débats sur les interrogations suscitées et donnent par là l’occasion d’éprouver les libertés et les<br />
contraintes de toute interprétation."<br />
<br />
Pour l'heure, les enseignants ont encore leur liberté pédagogique. <br />
Jusqu'à quand ?<br />
<br />
Cordialement,<br />
Benjamin BARBIER<br />
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</p>Encore et toujours : la lecture et son apprentissage. - laurent carle2024-01-30T11:46:12+01:00tag:charmeux.fr,2024-01-30:/blog/556/16768laurent carle<p>« Enfin comment peut-on encore penser que l'efficacité de l'apprentissage de la lecture, repose sur les manuels d'apprentissage choisis ? »<br />
<br />
Préambule : Lire, c’est penser avec les yeux. Sans les oreilles.<br />
<br />
Penser l’efficacité des manuels dits de lecture n’est ni un acte d’intelligence, ni une compétence professionnelle. <br />
<br />
Si le « penseur » est un savant au service du pouvoir politique ou un scientifique du système scolaire, dit chercheur en science de l’éducation, docteur en ignorance savante, dans ses prédications vulgarisatrices il doit bonimenter pour tromper l’enseignant de lecture et vendre du toc au « client » enfant et à ses parents illettrés ou mal informés, voire désinformés : le bruit de la lettre. Si le « penseur » est un professionnel de la lecture (enseignant, mais pas que, orthophoniste et pédopsychiatre, par exemple), il ne pense pas, il croit, avec une crédulité aussi profonde que naïve. Les deux maillons font la paire et la chaine. Pour aider le croyant à conserver sa foi intacte, les savants du régime ont inventé que l’apprentissage de la lecture doit se faire dans un manuel, dit méthode de lecture, qui sert en même temps de guide « pédagogique » pour l’enseignant. Si l’école à la française avait l’enseignement de la bicyclette au programme, les éditeurs scolaires vendraient des manuels de démontage et remontage des pièces, de nomenclature des mécanismes, des règles d’assemblage, du code de la route, que les élèves auraient à apprendre par cœur. En avril-mai, en juin au plus tard, les maitres évalueraient les connaissances mécaniques pour désigner ceux qui sont cyclistes et ceux qui ont échoué. Puisque le manuel est même produit pour apprendre et enseigner « la lecture », c’est donc le prof qui choisit le manuel et la voie (indirecte) qu’utilisera le client. Celui qui refuse cet outil « n’aime pas lire » s’il est élève, ne connait pas son métier s’il est prof. Le boniment et la foi qui le valide sont tellement enracinés dans l’inconscient collectif que le pédagogue qui n’emploie aucun manuel de « lecture » est déclaré enseigner avec « la méthode globale », cette Arlésienne que personne n’a jamais vue mais que tous connaissent par ouï-dire comme un poison mortel pour l’esprit.<br />
<br />
La morale de cette histoire, c’est qu’on empêche les enfants mal nés, de parents non lecteurs, de s’apprendre à lire seuls ensemble par évitement des « règles de lecture », en communauté, par interactivité. Cette duperie engendre un commerce lucratif d’ouvrages menteurs, annoncés comme voie radieuse vers la félicité de bibliothèque.<br />
<br />
Anecdote : pour confirmer ce que les « méthodes » enseignent, certains ont inventé « le chuchoteur », un simulacre de téléphone bricolé en PVC, destiné à oraliser à voix basse, le bruit des lettres, dit phonie. Car, le complément théorique indispensable de la « méthode » c’est de faire avaler que l’écrit n’est pas une langue en soi, autonome et indépendante de la langue parlée, mais seulement la transcription graphique des phonèmes de l’oral.<br />
<br />
Réponse à la question initiale<br />
<br />
Les experts en domestication des classes populaires ne pensent pas que le manuel est l’outil le plus efficace pour apprendre à lire. Ils pensent que le manuel, dit méthode, est l’outil le plus efficace pour empêcher les enfants des classes populaires, entrés non lecteurs au CP, d’apprendre à lire.<br />
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Qui peut acquérir des connaissances sans penser avec les yeux ?<br />
</p>Ecole : quand la liberté se trompe de route... - Magali BERTHAIT2024-01-25T13:24:42+01:00tag:charmeux.fr,2024-01-25:/blog/554/16766Magali BERTHAIT<p>Chère Madame,<br />
<br />
Mille excuses pour m’être mal exprimée.<br />
<br />
En écrivant que "seuls les enseignants auraient la liberté pédagogique imprescriptible d’imposer sans contrôle ni évaluation les manières d’enseigner tenant à leur bon plaisir individuel ", je parlais de la liberté qu’ont les professeurs d’imposer les méthodes de leur choix aux élèves, captifs subissant une scolarisation forcée dans le "public" ou dans le "privé". Mais revenons aux enseignants.<br />
<br />
L’art. L912-1-1 de la loi n° 2005-380 du code de l’Education garantit aux enseignants une liberté pédagogique qui "s'exerce dans le respect des programmes et des instructions ... et dans le cadre du projet d'école avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d'inspection. Le conseil pédagogique prévu à l'article L. 421-5 ne peut porter atteinte à cette liberté ". <br />
<br />
Pour ce qui est du respect des programmes, regardez le premier cahier d’élève venu et vous saurez à quoi vous en tenir, en Histoire, Sciences, Maths, EPS, etc.<br />
<br />
Quant au "contrôle" des corps d’inspection, laissez-moi rigoler. Pour cause de "pas de vagues", les inspecteurs n’imposent rien. Ils seraient hors la loi et certains syndicats se feraient une pure joie de les attaquer pour autoritarisme. Donc ils évitent. Reste le "conseil" que les enseignant(e)s s’empressent de ne pas suivre, seules comptant notes et appréciations susceptibles d’accélérer leur carrière.<br />
<br />
Et les conseils d’école, pédagogique, etc ? La loi leur interdit de fourrer leur nez dans les classes et vous savez bien qu’aucune équipe n’existe dans la vraie vie. "Ca prend trop de temps pour ce qu’on est payé(e)s. Ca sert à rien et en plus Sandrine nous gonfle avec ses discours politico-pédago", ai-je entendu.<br />
<br />
Au passage, vous apprécierez la contradiction entre une liberté pédagogique qui s’exerce "dans le cadre du projet d’école" et l’interdiction que l’article L. 421-5 fait au conseil pédagogique - qui élabore ce projet – de s’occuper de pratiques de classe.<br />
<br />
Appuyés par des forces encore puissantes, face à une hiérarchie prudente et à des parents mal informés, les enseignants du "public" professent donc à leur guise, en fonctionnaires bénéficiant des avantages des professions libérales. Heureusement, leur conscience professionnelle est grande.<br />
</p>Ecole : quand la liberté se trompe de route... - laurent carle2024-01-23T19:57:35+01:00tag:charmeux.fr,2024-01-23:/blog/554/16765laurent carle<p>A Magot Lit Berté, <br />
bon soldat toujours courbé sur l’orgue pour chanter la gloire des nantis à la Grand-Messe quotidienne après son vol au secours du plus fort contre les méchants pédagogistes qui veulent faire entrer la démocratie dans l’école, piétinant la diversité en uniforme traditionnel conforme.<br />
<br />
Dis-moi qui tu chantes, je te dirai qui tu es. Là où l’individualisme règne, l’égoïsme s’installe.<br />
<br />
Ecole : quand la liberté se trompe de route... et finit avec l’égalité et la fraternité dans l’impasse de la déchetterie. <br />
<br />
L’école à la française a trahi la république de Victor Hugo, celle de l’égalité et de la fraternité. Quelques pédagogues désintéressés la rétablissent de leur mieux là où ils travaillent, donnant pour un temps à leurs élèves un aperçu momentané de ce que serait la république des citoyens plutôt que celle de la bourgeoisie. Hélas, quelques oiseaux dispersés ne font pas la nation.<br />
<br />
LA DIVERSITE DES MODES à l’ouest de Paris<br />
<br />
L’idéologie la plus répandue en France est l’esprit catégoriel, corporatiste, qu’on appelle l’esprit de chapelle quand il est théorisé, de clocher quand il est verbalisé au comptoir du Café ou sur Facebook. Associé à la peur de l’étranger, du différent et de l’autre, au conformisme et à la crédulité, il entretient et garantit la concurrence dite individuelle entre catégories socio-professionnelles, en réalité entre classes sociales. Dans une république bourgeoise, la liberté est d’abord celle d’entreprise dont les pauvres, sujets de monarchie ou d’oligarchie, sont exclus. Le moins répandu est l’esprit républicain, démocratique, libertaire et humaniste. Il fait de brèves apparitions quand la moutarde remonte (1830, 1848, 1871, 1936, 1968). Cet esprit corporatiste explique à la fois l’individualisme scolaire et l’exclusion de la pédagogie qui, si on lui ouvrait la porte, ferait entrer dans les écoles la diversité, la mutualité, l’humain et les trois volets de la devise républicaine, réduisant à peu de choses le prétendu mérite qui ne figure pas dans la devise. <br />
<br />
QUANT A L’EGALITE DIVERSIFIEE<br />
<br />
Dans la même école, publique ou privée, entre une classe pédagogique et une classe traditionnelle le contraste qualitatif est plus grand qu’entre une école publique et une école privée. Remarquable et exceptionnel, un prêtre, le curé de Barbiana, hameau de montagne en Toscane, Don Milani, catholique croyant pratiquant, instituteur-professeur de l’école paroissiale qu’il avait créée, faisait de ses élèves des citoyens entrainés à gérer démocratiquement leur école, à l’opposé de ce qui se pratiquait dans l’Italie catholique de l’époque (1954-1967). Il faut dire que Don Lorenzo Milani n’était pas au service de la bourgeoisie. On ne peut pas servir en même temps l’humain et l’argent. Il n’a pas créé son école pour conduire les enfants bien nés vers les postes à privilèges et les autres, à l’ignorance alphabétisée avec méthode. Il n’a pas entrainé les meilleurs pour monter dans « l’ascenseur social ». Il a voulu rendre possible l’accès à la pensée écrite aux enfants pauvres du peuple des champs et leur a offert à tous l’éducation à la citoyenneté, l’éveil au jugement, l'esprit critique et le développement de la confiance en soi.<br />
<br />
En France, on peut observer ce fonctionnement démocratique dans quelques rares classes privées ou publiques tenues par des pédagogues démocrates. À l’évidence il n’est pas nécessaire d’attendre la réforme de l’enseignement pour fonctionner en république scolaire démocratique. Pourtant, tant que les enfants d’enseignants gagneront les bonnes places dans les classements, les classes prépa, les concours et les Grandes Ecoles, l’école primaire privée, publique, confessionnelle ou laïque ne sera ni démocratique, ni pédagogique, ni éducative, comme le furent celles de Freinet et de Don Milani, mais arbitrée comme un sport pour désigner gagnants et perdants. Longtemps encore le tri sélectif habitera l’esprit des trieurs comme des triés. Dans ces esprits et cet esprit, ce qui fait la différence entre public et privé, c’est l’argent familial, synonyme de noblesse des sentiments et de mérite. Du fait de ce tri précoce en famille, en amont du CP, les « défavorisés » sont rares dans le privé. C’est pourquoi, le tri sélectif y produit moins de déchets, nommés échecs.<br />
<br />
Dans toutes les formules scolaires traditionnelles, les méthodes « de lecture » font échouer (éliminent) les enfants des classes « inférieures », les dictées leur maintiennent la tête sous l’eau, les notes annoncent leur « échec » avant même le départ et confirment le retard qui les décroche inexorablement jusqu’à la voiture-balai. Ensuite, la route dégagée, quel que soit le lycée où sont scolarisés les favorisés, la compétition se fait entre soi. La concurrence ne se joue pas sur la qualité du produit vendu, l’enseignement, mais sur le niveau social de la clientèle. C’est ce qui explique que dans le public la corporation des enseignants préfère les groupes et les classes de niveau qui trient mieux et plus vite que les pratiques didactiques éliminatoires. L’école trahit sans vergogne. <br />
<br />
Il est nécessaire d’espérer pour apprendre et de réussir pour persévérer. Les biens nés le savent mieux que personne.<br />
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