C'est la rentrée... Sur tous les écrans TV fleurissent les reportages sur l'école...
Et que voit-on dans ces reportages ?
Constamment et partout, des enfants que l'on interroge, et qui lèvent le doigt bien sagement (ou non), pour répondre à des questions que l'enseignant pose.
C'est cela, faire la classe ?
Quand aura-t-on compris que poser des questions n'a jamais permis à qui que ce soit d'apprendre quoi que ce soit ?
Quand sera-t-il enfin admis que l'on ne se soigne pas avec un thermomètre et qu'on ne maigrit pas avec une balance ?
Interroger, contrôler, noter, cela peut avoir un intérêt si l'on a fini de travailler. Mais cela n'en a aucun aux moments où l'on travaille et où on s'ajoute des savoirs.
Les habitudes de l'école française, celles de la fameuse "tradition" si chère aux conservateurs de tout poil, sont véritablement aberrantes : comme me le faisait remarquer un de mes amis, "prof de gym", (comme on dit, ce qui les agace au plus haut point !), : "Que diriez-vous si je faisais un cours sur le basket en classe, et si je donnais le match à faire à la maison ?". Et il ajoutait, narquois, : "C'est pourtant bien ce que vous faites en français, maths, hist-géo etc..."

Je voudrais rappeler que faire la classe, — et quelle que soit la discipline — , ce n'est ni faire un cours, censé "transmettre" les contenus dans les oreilles des élèves, ni se prendre pour Socrate et pratiquer une pseudo-maïeutique, (qui n'a du reste rien à voir avec celle de Socrate), c'est organiser des situations de travail d'apprentissage, et permettre aux élèves de se coltiner avec des obstacles (on apprend comme on se heurte), — mais en groupes pour que l'obstacle ne soit jamais assimilé à un échec et que les savoirs différents de chaque participant enrichissent le groupe tout entier — et de pouvoir ainsi constuire des savoirs nouveaux.
L'objectif n'étant point qu'ils trouvent ce qu'il y a à trouver, mais qu'ils formulent des hypothèses, et surtout, qu'ils cherchent, et qu'ils confrontent leurs savoirs antérieurs à ces nouvelles données : apprendre, c'est transformer ce que je savais, — non parce qu'un adulte m'a dit que j'avais tort, mais parce que j'ai découvert , en travaillant, que mon savoir ne fonctionnait pas dans la situation proposée, et ne permettait pas de résoudre les problème qui s'y trouvaient.
Et, bien entendu, pas de "devoirs" à la maison — et encore moins de note pour ces devoirs.
Le travail à la maison n'a de sens que s'il vise à permettre aux enfants d'apporter dans la classe, à la disposition de tous les autres, les richesses de leur famille, richesses culturelles, mais aussi toutes les autres richesses, celle de l'expérience, celles des souvenirs etc.
C'est pourquoi, il ne peut s'agir que de lectures, d'enquêtes, de recherches, dont l'objectif est de nourrir le pot commun du savoir de la classe.
Mais donner du travail écrit à faire, et le noter, c'est non seulement une erreur, mais c'est une injustice monumentale, dans la mesure où les conditions pour le faire ne sont évidemment pas les mêmes d'une famille à l'autre.
Le travail d'apprentissage, c'est en classe qu'il doit se faire : c'est là que les notions sont construites, les leçons apprises, et les exercices d'entraînement menés.
Aucun sportif ne s'entraîne au foot, ou au ski, chez lui. Il faut être dans des conditions de travail pour apprendre.
La maison familiale n'est pas faite pour cela ; ce qui ne signifie pas qu'on n'y apprenne rien. Bien au contraire ! Mais on n'a pas à s'y occuper des programmes scolaires. C'est le travail des professionnels de l'enseignement que sont les profs.
A la maison, on a autre chose à faire et d'autres sortes de savoir à faire acquérir. On sait que la relation parents/enfants, qui n'a jamais à être pédagogique (les enfants détestent que leurs parents fassent la classe à la maison, notamment quand ils sont enseignants !!), doit, en revanche, avoir trois caractéristiques : affective, ludique et culturelle.
Le programme, c'est en classe qu'il s'étudie et pas ailleurs. Et cela ne se fait pas par des interrogations...
(Tiens ! Les interrogations, il faudra que nous en reparlions !)
Bonne rentrée à tous !