Vers une "Déclaration des Droits des Acteurs de l'École" ?
Par Eveline, samedi 5 septembre 2020 à 11:28 :: Education, Ecole et Pédagogie :: #434 :: rss
Si l'on veut que l'école puisse prendre le virage évoqué au billet précédent, il faut savoir où l'on va, et le déclarer bien haut.
Aujourd'hui, que la crainte de retomber dans les ornières du passé, (voire pire...), se fait de plus en plus légitime, voici un projet de "Déclaration", presque d'amour, pour une école dont nous sommes nombreux à rêver.
Aujourd'hui, que la crainte de retomber dans les ornières du passé, (voire pire...), se fait de plus en plus légitime, voici un projet de "Déclaration", presque d'amour, pour une école dont nous sommes nombreux à rêver.
Toute modification radicale, révolution ou autres, a commencé dans l'histoire, et continue de commencer, par une "Déclaration des droits de..." Après la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, et, venant de l'ONU, celle des Enfants, pourquoi pas une pour les Acteurs de l'École ?
Et parce que le projet d'une école démocratique doit impliquer tous ceux qui sont concernés, de près ou de loin, par l'école, il va de soi que la formule « acteurs de l’école» regroupe tous ceux qui gravitent dans et autour d'elle, avec des fonctions spécifiques, relatives à l’éducation des enfants, à leur santé, et à leurs apprentissages, ainsi qu’aux conditions matérielles dans lesquelles s’effectuent ceux-ci, c’est-à-dire, les élèves, les enseignants, les parents, les supérieurs hiérarchiques, les personnels administratifs, les "soignants" et "remédiants" et autres, tous ceux qui a des titres divers font fonctionner l’ensemble du célèbre mammouth de l’Éducation Nationale.
Ce n'est qu'un projet
Vers une « Déclaration des Droits des Acteurs de l’École » à construire.
Article 1 :
Ainsi que cela est dit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, tous les acteurs de l’école, quels que soient leur âge, leurs titres ou leurs fonctions, sont rigoureusement libres et égaux en droit.
Article 2 :
Le terme d’égalité ne concerne que les personnes, indépendamment de leur fonction. Nulle personne ne peut être considérée comme supérieure à une autre : le Directeur n’est pas supérieur aux enseignants de son établissement, le Ministre, non plus. Seule la fonction, qui définit des responsabilités différentes, d’importance et de champs variables, installe une hiérarchie, qui ne doit en aucun cas devenir un pouvoir sur les personnes, dont les fonctions sont subalternes..
Article 3 : L'école ayant pour vocation de permettre aux enfants de devenir des citoyens libres, capables de défendre les valeurs démocratiques de leur pays, il est nécessaire que ceux-ci vivent la démocratie à l'école, pour pouvoir, devenus adultes, en analyser le fonctionnement, le comprendre, en connaître les fragilités et pouvoir protéger celles-ci des multiples dangers qui les guettent.
Article 4 :
Les enfants mineurs sont placés sous la responsabilité des personnes chargées de s’occuper d’eux (parents, professeurs, animateurs, etc.) mais ne sont pas, pour autant, en leur pouvoir. En tant que personnes, ils ont le droit d’être informés des projets prévus pour eux, de leurs droits et des devoirs qui y sont associés. Ils ont aussi le droit de refuser ces projets, dans le respect des lois qui les ont définis et justifiés, et dont ils ont été informés.
Article 5 :
A l’instar des lois du pays qui sont proposées par des élus du peuple, ce qu’on nomme le règlement d’un établissement scolaire doit être connu, discuté, et amendé chaque année par des représentants des élèves, élus par eux. Il doit se présenter sous la forme d’une charte décrivant et justifiant les choix d’organisation de la vie collective de l’établissement, et non une longue liste d'interdits avec sanctions y afférentes.
Il doit être soumis à l’ensemble des élèves et un temps doit être prévu officiellement, pour en débattre avec les adultes responsables, et décider, avec eux, des modalités de son application.
Article 6 :
Au début de chaque année, les élèves, ainsi que leurs parents, doivent être informés des programmes d’enseignement prévus officiellement, dans leurs détails, et les premiers cours doivent être consacrés à une exploration-explicitation de l’ensemble du travail de l'année. Celle-ci, permet à chaque enfant, d'avoir très vite une information lui ouvrant un horizon d’attentes clair, nécessaire à sa réussite, mais aussi de pouvoir confronter ces demandes officielles, avec ses propres savoirs.
Elle permet aussi à l'enseignant d'avoir, par le débat instauré, un premier regard sur ce que savent ses élèves.
Elle permet enfin aux parents de suivre plus aisément le travail de leurs enfants
Il est donc exclu d'aborder, comme cela se fait habituellement, dès les premiers jours de la rentrée scolaire, le chapitre 1 de ces programmes, avec leçons à apprendre et autres exercices d'application.
Article 7 :
Aucune personne, dénommée « élève » ou « apprenant », quel que soit son âge, ne peut être sanctionnée, pour cause d’erreur ou d’ignorance : étant là pour apprendre, l’ignorance est toujours, et en toute circonstance, légitime de sa part, et l’école a pour tâche d’y remédier, non de la punir. Quant aux erreurs, elles font partie du processus d‘apprentissage.
Seules, les fautes morales ou civiques, peuvent être objets de sanctions.
Article 8 :
En aucun cas, ces sanctions ne doivent avoir un caractère dégradant ou humiliant.
Il est rappelé qu’en France, une circulaire de l’an 2000, stipule que : « Les punitions infligées doivent respecter la personne de l'élève et sa dignité : sont proscrites en conséquence toutes les formes de violence physique ou verbale, toute attitude humiliante, vexatoire ou dégradante à l'égard des élèves ». Ceci a été complété en 2007, par le « Comité des droits de l’enfant de l’ONU », qui, dans son observation n°8, réaffirme le droit de l’enfant à une protection contre les châtiments corporels et les autres formes cruelles ou dégradantes de châtiments (art. 19, 28 (par. 2) et 37, entre autres)
Même pour des fautes graves, les sanctions doivent avoir un caractère positif et constituer une aide, pour le fautif, vers la « réparation » du dommage.
Elle ne doit jamais prendre la forme d’une exclusion, mais, au contraire, être conçue et menée par l'enseignant avec l’ensemble de la classe.
Article 9 :
Le processus d'apprentissage étant constitué d'un ensemble extrêmement complexe d'éléments divers, internes et externes à l'élève, il est exclu d'imputer, au seul élève, la cause de ses erreurs ou échecs, accusant un défaut de travail ou une maladie à soigner, sans avoir longuement auparavant analysé sa situation, son vécu familial, et surtout les conditions dans lesquelles l'enseignement s'est déroulé pour lui.
Article 10 :
Tout travail devant être évalué, ce qu’il faut évaluer à l'école n’est autre que les progrès de chaque élève, dans l’acquisition de savoirs nouveaux. Or, ceux–ci ne peuvent être mesurés de façon mathématique et quantifiée, par des « notes ». Ils ne sauraient non plus être mesurés "de l’extérieur", sous forme de tests, ou autres types mécanique de contrôle, incompatibles avec le respect des personnes que sont les élèves.
Les évaluations à l'école se doivent d’être « formatives » et « participatives » conduites collectivement avec l’enseignant, sous des formes diverses, comprenant, des analyses des savoirs acquis et du vécu de ces acquisitions, avec, si nécessaire des entretiens individuels.
Et parce qu’elles mesurent les progrès accomplis, elles ne peuvent être que des moments positifs, et lourds d'importance. Aussi doivent-elles être rares.
En aucun cas, elles ne sauraient être assimilées à des récompenses ou punitions ; encore moins, servir de sanctions à des fautes effectives.
Comme chacun peut le constater, ce n'est qu'un projet, à critiquer, amender, compléter...
N.B. Il est important de noter la parution de l'ouvrage collectif suivant, qui prouve que nous ne sommes pas seuls à rêver d'un autre système éducatif :
https://editions-croquant.org/hors-collection/609-sos-ecole-universite-pour-un-systeme-educatif-democratique.html
SOS École Université Pour un système éducatif démocratique
L'objectif est d'analyser les composantes du néolibéralisme autoritaire dans les secteurs éducatifs (capitalisme cognitif, élitisme xénophobe, institutions de la 5e République...) et de faire un point sur les résistances et programmes alternatifs (en matière de démocratisation et d'émancipation).
Ont participé à cette publication des responsables de la CGT, du SNESUP (du secteur FDE), du SNUIPP, du SNES, du SNPI (inspecteurs), avec le soutien de l'institut de recherches de la FSU et du groupe Jean-Pierre Vernant.
Une collaboration solidaire en somme, pour construire un plan de sortie de crise et promouvoir, comme dans la Santé, le service public. Auteur: Boudet Martine (coord.) |
ISBN-13: 9782365122610
Publié le: 2020-05-25
Editeur: éditions du Croquant
Nombre de pages: 300
Langue: F
18,00€
Commentaires
1. Le dimanche 6 septembre 2020 à 18:13, par Astro52
2. Le dimanche 6 septembre 2020 à 18:49, par Dominique Frochot
3. Le lundi 7 septembre 2020 à 10:43, par Laurent Carle
4. Le lundi 7 septembre 2020 à 14:51, par Julos
5. Le mercredi 9 septembre 2020 à 09:39, par Eveline
6. Le vendredi 11 septembre 2020 à 08:19, par Josette
7. Le vendredi 11 septembre 2020 à 19:11, par Alain MIOSSEC
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