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Commentaires

1. Le mardi 27 août 2019 à 17:21, par Alain Miossec

Pour l’orthographe comme pour la lecture, comprendre ou ne pas comprendre, telle est la question....pour sortir des cercles vicieux (violents, au su ou à l’insu) des pseudo règles édictées-récitées-applications, on ne peut échapper à la recherche sur les savoirs et leur histoire, ainsi que sur les démarches « d’auto-socio-construction » de ces savoirs par les élèves, et au projet de leur mise en œuvre effective à l’école pour tous.

Cela me fait penser au travail intéressant "Faut-il réformer ou enseigner l'accord du participe passé ?" de Jeanne Dion paru dans le Café pédagogique du 2 mars www.cafepedagogique.net/l...

2. Le mercredi 28 août 2019 à 10:54, par Paul Potte

Se demander comment s'y prendre pour enseigner les règles me fait souvenir qu'un pédagogue reconnu en son temps voyait en toute action éducative la mise en œuvre simultanée de 2 principes indissolublement liés.
1 – Le principe de liberté : "L'apprentissage ne se décrète pas... et rien ne permet de l'imposer à quiconque. Tout apprentissage s'effectue, pour chacun, à sa propre initiative et requiert de sa part un engagement personnel".
2 - le principe d'éducabilité : " Tout le monde peut apprendre et nul ne peut jamais décider, pour une personne donnée, qu'un apprentissage est définitivement impossible".
Sur ces bases, tout être humain a la possibilité d'apprendre davantage pourvu qu'il le veuille mais nul ne peut l'y contraindre. Est-il faux d'en déduire que chacun sera scolarisé uniquement s'il le souhaite et que l'obligation scolaire doit être supprimée ?
Si non, comment un pédagogue sincère peut-il s'acharner à vouloir faire apprendre un élève contraint à l'écoute ? N'est-ce pas insulter la pédagogie et nier le droit de chaque être humain à décider de son existence ?
Autrement dit, toute "conduite pédagogique" naît-elle de la contrainte scolaire et revient-elle à élaborer les ruses et tromperies visant à faire boire un âne qui n'a pas soif ?

3. Le mercredi 28 août 2019 à 15:30, par Eveline

Cela veut dire tout simplement :
1- Qu'apprendre, ce n'est certainement pas "écouter le discours du maître"...
2- Que ce ne sont ni des ruses, ni des tromperies qui permettent de faire COMPRENDRE à un enfant combien il est intéressant d'apprendre.
J'espère surtout que je ne vous apprends rien en disant cela...

4. Le mercredi 28 août 2019 à 15:51, par Julos

Ce matin, sur France inter, au cours d'une émission consacrée pour l'essentiel à la motivation, et les moyens de la nourrir ou de la faire naître chez les enfants scolarisés, il fut souligné à un moment par tous les intervenants que le plus important était le SENS : pourquoi apprendre ? pourquoi l'école et ses contraintes ? pourquoi les exercices ? etc... Ceci clairement posé, se demander comment faire et quoi faire pour réussir, s'agissant de l'enfant, ou aider à réussir s'agissant de l'adulte, parent ou enseignant.

En entendant cela je n'ai pas pu m'empêcher de me demander quel sens les enfants de grande section, puis de cp, pouvaient bien trouver pour se motiver à faire du bruit avec leur bouche devant des mots inconnus ou pire encore devant des non-mots.

5. Le jeudi 29 août 2019 à 12:29, par Paul Potte

@ Eveline

Quoi que l'on mette derrière "apprendre" et "comprendre", tout enfant contraint de devenir élève écoutera de charmants pédagogues pendant le tiers de sa vie. Qu'il ait ou non envie de "comprendre" ce que d'autres auront décidé de lui faire "apprendre" pour son bien, l'élève est forcé de s'assoir et de participer, en groupe et dans la joie.
Le principe de liberté bafoué, il n'y a plus d'action éducative et la "pédagogie" fait alors son entrée. Sa tâche est de faire consentir l'élève à sa privation de liberté, qu'il lise avec l'oeuil ou l'oreille et qu'il dispose ou non d'un manuel.
Pour qui suit Ph. Meirieu, il apparaît donc que toute pédagogie naît de la contrainte, celle-ci ayant interdit toute éducation véritable.
A moins que Meirieu ait tord ?

6. Le vendredi 30 août 2019 à 09:54, par Eveline

Pardonnez-moi, cher monsieur Pol Potte, mais je n'ai pas compris votre dernière question. Que pensez-vous que Philippe Meirieu puisse avoir ? J'ai cherché le sens du mot "tord" dans divers dictionnaires, et je ne l'ai pas trouvé. Je n'ai pas trouvé davantage cette chose étrange, portant le nom "d'oeuil", avec quoi, on pourrait lire selon vous...
Eclairez ma lanterne, je vous en prie. Merci d'avance.

7. Le vendredi 30 août 2019 à 22:39, par Paul Potte

Mais quel attachement à l'orthographe la plus traditionnelle ! Je la pensais vous être étrangère, au su de votre joie à rendre relative toute règle ou scripture classique.

Si j'ai écrit "tord", c'est parce que le l'homophonie tort/tord (forme attendue/forme proposée) permet l'évocation de "tordu", "tortueux", "tors" …, termes pointant tous vers une pensée "torve", voire biaisée.

Comme quoi, jouer avec la langue demande une habileté que je n'ai pas.

Quand à "oeiul", plutôt qu'un lapsus calami, voyez-y le souhait - un peu taquin - de prouver que le maître le plus progressiste conserve, bien enfouis, ses réflexes traditionnels de magister castigans. Comme on dit dans ma campagne, "Chassez le naturel ..."

Espérant avoir répondu à vos attentes,

Paul

8. Le samedi 31 août 2019 à 11:49, par David

« A-t-on vraiment raison de rappeler la "règle", devant les difficultés de cet élève ? »

La réponse est évidemment non. Comme précisé plusieurs fois ici par Laurent. Plus l’enseignant parle moins l’élève apprend. Non seulement c’est inefficace mais c’est surtout contre-productif. On entretien chez l’élève cette idée que l’école, c’est répondre aux questions du maitre et essayer d’avoir bon à ce qu’il nous propose.
L’élève n’utilise pas le savoir qu’il construit car il passe son temps à essayer de deviner les intentions de son enseignant ou à démasquer les pièges que celui-ci aurait posés ici ou là. Et donc plus on rappelle la règle, (n’importe laquelle d’ailleurs) moins l’élève ne l’utilise de lui-même.

L’idée est donc d’amener les élèves à revenir en arrière sur leurs écrits. Comment ? En leur proposant des situations qui vont les amener à réfléchir.
Une situation qui fonctionne très bien : La méthode de Britt-Mari Barth (exemples oui, exemples non). Par exemple, écrire au tableau pour travailler les accords :

Oui : Les chemises sont bleues
Oui : Les chapeaux rouges

Non : Les chemises sont marron
Non : Les chapeaux orange

Puis de demander aux élèves ensuite si quelque chose les dérange. Forcément, la plupart indique que dans les « non » il y a des erreurs d’orthographe et que l’accord a été oublié. Finalement, quand on leur fait remarquer qu’il n’y a pas d’erreur, la plupart des élèves sont sous le « choc » ;-). Et c’est exactement ce que l’on souhaitait ! Le fameux conflit cognitif ! L’élève en conflit va devoir reconstruire une règle qu’il ne connait pas encore mais s’appuyer sur ce qu’il sait ou ce qu’il croyait savoir jusque –là.

La suite de la séance amène donc les élèves à reconstruire la fameuse règle de l’accord des adjectifs de couleurs. Bien évidemment, pour que cela fonctionne, les élèves doivent être persuadés que leur enseignant ne leur dévoilera rien et que ce sera à eux seuls de se débrouiller notamment en petits groupes restreints et solidaires (avec des outils à dispositions pour faire des recherches sur cette règle fameuse règle). Les débats qui suivront permettront ensuite de valider ou non les recherches des élèves.

En vivant cette situation, l’élève acteur, non seulement, découvre quelque chose de nouveau mais il enrichit également ce qu’il savait déjà : tous les adjectifs qualificatifs s’accordent avec les noms qu’ils accompagnent… (Sauf certaines couleurs quand elles sont aussi « nom commun », « un marron » étant non commun, il ne s’accorde pas quand il est employé comme adjectif)

Bien souvent, les jeunes enseignants et certains enseignant chevronnés, pensent qu’il est plus facile d’expliquer directement la règle aux élèves car cela permettrait de gagner du temps notamment pour recopier la règle dans le cahier de règles afin de pouvoir la faire apprendre ensuite à la maison. Le temps gagné permet ensuite de faire des exercices pour bien « ancrer » la règle.

Sauf que cela ne fonctionne pas ! les élèves qui vivent cette situation d’enseignement n’apprennent pas ! Ils ne font pas évoluer leurs connaissances car ils ne font que recopier une règle dont ils ne savent pas à quoi elle va leur servir.

C’est d’ailleurs un point essentiel de notre métier, donner du sens au travail de l’élève : l’élève doit comprendre pourquoi il apprend telle ou telle chose, quand il va pouvoir s’en servir et surtout il doit comprendre qu’il en a besoin. Effectivement, si on replace cette fameuse règle des couleurs dans le contexte d’un projet d’écriture : par exemple, écrire un paysage comme si on était une agence de voyage qui cherchait à attirer des clients, les élèves vont bien comprendre que l’orthographe est capitale. Ils disent tous d’ailleurs à ce moment-là : « On doit corriger vite nos « fautes » car sinon cela ne fait pas sérieux et on risque de faire fuir les clients ! » ;-)

Au passage, lors d’une réunion de classe où j’expliquais aux parents présents cette méthode oui/non (pour monter que l’élève doit être chercheur dans une classe), une maman, professeur de Français, m’interpelle à la fin de la réunion pour me dire. « Mais c’est extra ! Je n’y avais pas pensé ! » Puis, en la croisant quelques mois plus tard, elle m’indiquait qu’elle utilisait énormément cette méthode qui, pour elle, fonctionnait vraiment bien ! Preuve, une fois encore que ce qu’il manque aux enseignants c’est bien la formation !

9. Le samedi 31 août 2019 à 15:01, par Eveline

A cet apport, extrêmement précis et précieux, de David, auquel on ne peut que souscrire, tant ce qu'il écrit ici est un morceau de véritable formation pédagogique, j'ajouterai seulement une précision à ce passage :
Par exemple, écrire un paysage comme si on était une agence de voyage qui cherchait à attirer des clients, les élèves vont bien comprendre que l’orthographe est capitale. Ils disent tous d’ailleurs à ce moment-là : « On doit corriger vite nos « fautes » car sinon cela ne fait pas sérieux et on risque de faire fuir les clients ! »,
J'aurais tendance à préférer que la raison donnée par les enfants ne soit pas seulement "ça ne fait pas sérieux de faire des erreurs", mais "ils ne vont pas comprendre ce qu'on écrit, si on se trompe dans l'écriture des mots".
Seule la nécessité de se faire comprendre justifie vraiment le respect du fonctionnement de l'orthographe : aucune autre raison ne peut être avancée.
Et comme c'est justement celle qu'on ne leur propose pratiquement jamais...

@Paul : Ma réponse à David vous permet-elle de comprendre qu'il n'y a rien de "traditionnel" dans ma vision de l'orthographe ? Au contraire !! C'est même terriblement nouveau et fort difficile à faire entrer dans les esprits d'enseignants. C'est le résultat d'un long travail de linguiste ayant étudié en détail l'histoire de la langue et le rôle de l'orthographe dans sa version écrite, d'où il ressort que le système d'écriture français, loin d'être une transcription malhabile et incohérente des sons de l'oral, est au contraire constitué d'un ensemble de balises de sens, destinées à faciliter la lecture.

10. Le dimanche 1 septembre 2019 à 19:45, par Paul Potte

@ David. Merci de nous montrer une classe qui s'interroge avec le maître et dégage une règle à partir d'exemples validés par l'enseignant.
Mais, construire une règle avec le maître, ce n'est pas la réemployer seul. Je serais curieux de savoir comment rendre un élève capable de choisir, seul, la règle qui convient parmi celles qu'il aura comprises et mémorisées.
Pour ma part, je n'ai vu d'efficace que l'intériorisation d'une règle devenue "naturelle" après de nombreux exercices dédiés et la correction collective d'écrits produits (rédaction) ou reproduits (dictée). Autant dire que les pratiques "classiques" fonctionnent le mieux ...

@Eveline : je m'attachais non à votre vision de l'orthographe mais à une attitude très surplombante de "savante" jugeant de droit une écriture fautive. L'attitude "Je sais donc je te corrige et cela m'installe en dominant(e)" ossifie la créativité. Et c'est fort peu "pédagogiste".
Ceci dit, beaucoup pensent que l'écrit transcrit les mots oraux pointant eux même vers des concepts, transcription comprenant les annotations orthographiques et grammaticales nécessaires à la compréhension de l'écrit produit. Qui en doute se tournera vers la naissance de l'écrit au proche Orient.

11. Le lundi 2 septembre 2019 à 20:46, par David

@Paul Potte
Avez-vous déjà essayé d’autres pratiques que celles dites classiques ?

Moi oui et encore parfois pour « gagner » du temps. En effet, dans l’idée de gagner du temps parfois, effectivement, il m’arrive d’expliquer la règle directement aux élèves puis de les mettre ensuite en exercice. Mais force est de constater que finalement j’en perds… du temps ! Et je peux vous dire que je m’en veux ! Car certes, les élèves les plus à l’aise parviennent à s’en sortir mais les plus fragiles passent complétement à côté. Car on ne peut pas appliquer une règle que l’on n’a pas comprise. Et pour la comprendre, on doit en avoir besoin.

En mai dernier, trois enseignantes expérimentées avaient réussi à se déplacer dans ma classe pour voir comment je m’y prenais. Elles avaient entendu dire que de faire construire la règle par les élèves était plus efficace pour apprendre mais elles ne voyaient pas comment faire et surtout elles n’y croyaient pas vraiment.
La séance proposée portait sur les opérations décimales. Où mettre la virgule quand on additionne ou on multiplie des nombres décimaux ?

Et pourtant, quand l’enseignant explique cette règle cela lui prend à peine 2 minutes, ensuite il peut mettre ses élèves en exercice en espérant que cela finisse par rentrer. Or j’ai trop constaté lorsque j’étais jeune enseignant que les plus fragiles n’y parvenait jamais ou rarement… Je ne compte plus toutes les fois où j’ai repris les élèves au fond de la classe pour leur réexpliquer comment faire style : « Mais c’est simple, regarde pour multiplier, tu comptes le nombre de chiffres après la virgule… »

Sauf que cela ne marche pas !

Apprendre ce n’est pas recevoir c’est faire évoluer ce que l’on croyait jusque-là. Le meilleur moyen est donc de mettre les élèves en petits groupes pour qu’ils puissent échanger sur leurs conceptions et s’expliquer les uns aux autres la règle visée (on comprend mieux une règle qui est expliquée par quelqu’un qui a le même matériel cognitif que nous).

A la fin de la séance en question, les enseignantes sont venues me voir pour me dire qu’elles n’auraient pas cru que les élèves puissent trouver la règle tous seuls et pourtant si. Depuis elles tentent, dès qu’elle le peuvent, de mettre leurs élèves dans les mêmes conditions (petits groupes etc) et elles constatent d’elles-mêmes que les élèves le plus fragiles progressent.

Du coup, à vous de choisir, soit vous aidez le plus fragiles soit vous vous voilez la face en enseignant pour les plus forts ?

12. Le mardi 3 septembre 2019 à 10:30, par Paul Potte

@ David.
Merci d'avoir pris la peine de me répondre.

Vous revenez sur la construction de la règle qui ne pose pas problème.

Hélas, je reste sur ma faim sur la question de savoir comment faire pour que l'élève réemploie en autonomie une règle auparavant construite, comprise (et mémorisée?).

13. Le mardi 3 septembre 2019 à 10:57, par Eveline

Autonomie, ne signifie pas "abandon" : pour toute tâche demandée aux élèves, celle de l'enseignant est de mobiliser les savoirs nécessaires AVANT de les mettre au travail. Aujourd'hui, on a enfin compris que c'est en AMONT de la tâche qu'il faut travailler, et non après celle-ci. Pour mille raisons, le travail de correction est presque inutile : il arrive trop tard, quand les élèves ne peuvent plus s'y intéresser. Et psychologiquement, revenir sur un travail NOTÉ est une grande erreur : s'il est noté, c'est qu'il est terminé, et on doit passer à autre chose, sinon pourquoi avoir noté ? Du reste, c'est là une question qu'on n'a pas fini de poser, auxquelles les réponses ne peuvent être que ridicules ou lamentables !!

14. Le vendredi 6 septembre 2019 à 08:01, par Alain Miossec

Merci à chacun du débat et à David pour les exemples qui précisent concrètement comment sortir de la règle « donnée-reçue ». Pour ce faire, il y a en effet les situations de recherche, de conflit « cognitif », de projet, de création...avec le passage par l’implication personnelle, par le débat de petits groupes et aussi par le débat et la formalisation en grand groupe gérés-relancés par le maître.

Le savoir n’est pas une information ! Que chacun se souvienne du peu-confus qu’il est capable de restituer d’un excellent documentaire dans un domaine inhabituel où tout semblait clair et limpide. Le « donné-reçu », s’il donne éventuellement parfois l’illusion d’une maîtrise rapide (pour les élèves, le maître, les parents) n’est ni opératoire, ni durable, ni ré-investissable et de plus va mettre en difficulté, en échec au fur et à mesure un grand nombre d’enfants. (S’il fonctionne malgré tout cahin-caha pour certains élèves c’est qu’ils font partie de ceux qui ont la « chance » de pouvoir se poser les questions, échanger dans le cadre de leur environnement favorisé et/ou avoir un projet personnel affirmé dans tel ou tel domaine)

En effet, à la longue, cette pratique installe de fausses idées sur le savoir, la relation aux autres et sur apprendre et produit la casse « sournoise » de nombreux élèves. Elle va convaincre par exemple les élèves qu’ils doivent être passifs (écouter), faussement actifs (appliquer, répéter, répondre aux questions du maître), que leurs erreurs sont des fautes, que leurs questions ne sont pas intéressantes, que l’autre est là pour le juger en « ennemi-concurrent » etc. en fait qu’ils ne sont pas capables (penser, débattre, questionner...) et cerise sur le gâteau que c’est leur faute s’ils ne comprennent pas ! (échec intériorisé)

Oui en général une règle (un savoir) ne se construit, ne se comprend, ne se maîtrise pas en une fois, c’est pourquoi il faudra reprendre avec des situations de même type, varier les situations pour aller vers plus de compréhension, d’autonomie, voire d’automatisation...et donc donner le temps nécessaire aux apprentissages sans concurrence, note, jugement, exclusion...où « répéter-rechercher» permettra une meilleure formalisation-appropriation-approfondissement (au sens de ce qui se pratique au théâtre par exemple). Le « donné-reçu-appliqué-exercisé-répété-corrigé », tel qu’il est pratiqué couramment, ne peut créer un collectif d’élèves en recherche solidaire pour réussir en compréhension.

Je reviens sur la question de la contrainte. De mon point de vue, l’obligation scolaire est d’abord de la responsabilité des adultes, leur obligation à penser et mettre en œuvre la transmission des savoirs d’une génération à l’autre, c’est à dire instaurer et rendre effectif le droit d’apprendre pour les élèves, tous les élèves. (version émancipatrice, égalitaire versus reproduction ségrégative et employabilité cf. « L’école de Jules Ferry » J. Foucambert)
Dans ce contexte les élèves ont bien l’obligation d’aller à l’école, d’assister, de « participer » aux cours mais néanmoins rien ne pourra les obliger à apprendre réellement. De la nature des situations-contraintes d’enseignement vont dépendre la réalisation de leur droit d’apprendre. Suivant la valeur émancipatrice des pratiques (jubilation, pouvoir...), les élèves construiront-renforceront leurs mobiles internes (désir, curiosité, questionnement, projet, relation...) ou pas.

C’est ainsi que la casse de nombreux élèves se fomente...certains élèves sont amenés à se piéger dans une conformité scolaire minimale, d’autres à décrocher dans leur tête, d’autres à décrocher complètement...quand d’autres se servent du capital financier, culturel, symbolique, langagier, scolaire...familial pour apprendre avec et malgré l’école.

Dans la société, certains trouvent ça normal, même souhaitable, d’autres au contraire insupportable...heureusement ça se parle de plus en plus en ce début d’année (cf. Bernard Lahire sur France culture, Télérama,...) Après la justice écologique, démocratique et sociale, faisons en sorte que la justice scolaire devienne une urgence partagée.
LA GRANDE TABLE IDÉES  La lutte des classes commence-t-elle sur les bancs de l'école ?

15. Le vendredi 6 septembre 2019 à 10:32, par Laurent Carle

INSULTER LA PEDAGOGIE

Paul Potte, grand démocrate de renommée mondiale, nationale et socialiste, s’interroge sur l’obligation scolaire, sur la liberté de l’élève apprenant et ses rapports avec la règle. Il ignore que l’obligation s’applique d’abord aux parents, aux enseignants, aux élus et non aux élèves. Comme la santé, l’éducation est un droit, non un devoir, le savoir, une conquête collective, non une réussite individuelle.
Réflexion laïque désintéressée (?) à l’intérieur d’un cadre de pensée étroit, rigide et formaliste. Faut le faire. Pince-moi !
Merci à Éveline, Alain, Julos et David de nous apporter une vraie réflexion centrée sur l’élève.

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