En matière de cahiers de vacances, les professionnels vous le diront, il faut faire léger.
Alors, je vous propose quelques exercices de réflexion douce, sur les fondamentaux de notre métier, des aphorismes à méditer, critiquer, réécrire, transformer en actions concrètes, afin de nourrir l'énergie et la créativité nécessaires pour mettre en place, dès la rentrée, des moyens efficaces de contourner les obstacles et autres engins plus ou moins dangereux, installés par notre imprudent ministre sur la route des apprentissages.
Et tous, vous êtes invités à nous proposer vos idées sur ces fondamentaux, mais aussi sur d'autres "fondamentaux" qui vous sembleraient pertinents : la liste suivante étant loin d'être exhaustive.

* L'élève étant un être humain, dont le développement obéit à des logiques humaines, incompatibles avec celle des mathématiques et autres sciences exactes, tout raisonnement fondé sur cette logique-ci est, en matière d'éducation et d'apprentissage, voué à l'échec.

* Attendu qu'apprendre, c'est devenir autre, en remettant en question ce qu'on savait et croyait savoir, un enseignement ne peut se faire, qu'en prenant appui sur les savoirs des élèves, hic et nunc, et non sur les "élèves en général".

* Cet aphorisme a pour corollaire qu'aucun outil tout fait, comme une "méthode", et considéré comme valable pour tous, et tout le temps, ne peut convenir, les enfants ayant chacun des savoirs différents qui varient non seulement de l'un à l'autre, mais d'une année sur l'autre.

* Attendu également qu'apprendre est une activité irrégulière, procédant par moments de progrès rapides, séparés par des moments de repos et même de régression, imprévisibles tant en date, qu'en durée, toute évaluation de type "certificatif", extérieure et non participative, ne peut présenter que des dangers, sans apporter la moindre information, ni à l'élève, ni au prof.

* Corollaire 1 : l'un des dangers, maintes fois observés dans les faits, est qu'une évaluation de ce type, en cours d'apprentissage, bloque celui-ci en introduisant, dans son processus, des éléments affectifs, stress, culpabilité, ou fierté injustifiée, qui en brouillent le déroulement.

* Corollaire 2 : si les progrès des enfants ne se font pas de manière régulière, il s'ensuit que l'année est une durée trop courte pour évaluer ceux de toute une classe : le travail par cycles se révèle indispensable, à condition d'être conçu comme un tout, avec évaluation terminale seulement, et non comme trois fois un an avec évaluations et redoublements internes.

* Un travail d'enseignement pour un savoir donné, qui ne correspond pas à l'image que les élèves ont de ce savoir, constitue une difficulté, souvent insurmontable, pour beaucoup d'entre eux : c'est ainsi qu'enseigner la lecture à partir de l'étude des sons entendus, alors qu'ils voient autour d'eux les adultes lire des yeux, les détourne totalement de la vraie lecture.

* Il ressort de ces constats que des directives précises sur la manière de mener des apprentissages sont chose aberrante, contraire aux règles du métier d'enseignant. Cela pose la question de savoir comment on peut agir, celles-ci étant présentes et imposées de façon autoritaire.

* Et pour finir, vous êtes chaleureusement invités — production écrite sur laquelle doit déboucher tout travail réflexif — à dire (texte libre !) les pensées que vous inspirent les images suivantes :







A vous ! Vous avez, non pas quatre heures, mais deux mois : c'est jouable, non ?