Démocratique, l'Ecole qu'on nous réserve ?
Par Eveline, lundi 1 décembre 2008 à 11:37 :: Education, Ecole et Pédagogie :: #100 :: rss
Passablement agacée par des propos lus et entendus ici ou là sur l'excellence des propositions gouvernementales en général et sur l'école en particulier, je crois vraiment nécessaire de taper une fois de plus sur ce clou, avant que notre mémoire ne soit complètement endormie... C'est d'autant plus nécessaire que celle-ci est déjà fort courte, comme disait un certain maréchal... Si nous sommes encore en démocratie, l'école doit l'être aussi, et s'appuyer sur certains principes, dont la présence dans les propositions évoquées plus haut, est pour le moins problématique. Si quelqu'un peut me démontrer (je dis "démontrer", pas "affirmer") qu'un seul de ces principes est présent dans les dispositions et programmes annoncés, ce serait un rayon de soleil dans la grisaille ambiante...
Les principes incontournables d’une pratique de classe dans une démocratie digne de ce nom.
1- L'enfant est une personne à part entière, un SUJET et non un objet à façonner, que l'on ne peut contraindre, sans violer le respect que l'on doit à toute personne humaine.
Cela ne veut surtout pas dire qu'on le laisse faire ce qu'il veut, mais qu'il y a un travail de motivation à prévoir dans la tâche de l'enseignant.
Il ne s'agit pas de supprimer les contraintes (elles sont absolument nécessaires), mais de faire en sorte qu'elles viennent de l'intérieur du sujet et non des «supérieurs».
2- Tout enfant a des savoirs, dès sa naissance, construits dans son expérience vécue (y compris intra-utérine) et très différents d'un enfant à l'autre. Or, il ne peut apprendre qu'en prenant appui sur ces savoirs pour les transformer.
Le premier travail d’un enseignant est donc de se préoccuper de connaître les savoirs-déjà-là de ses élèves et de s’en servir pour permettre à ceux-ci d’acquérir ceux que l’Institution requiert.
3- Ces savoirs n'ont rien de simple, puisque le simple n'existe pas dans l'expérience vécue. Etant le résultat d’une analyse, le simple n’est pas «facile».
Pour s'appuyer sur les savoirs des élèves, il faut donc partir du complexe qui leur est familier «ici et maintenant».
4- Acquérir des savoirs, c'est avoir construit des outils de pensée qui permettent de comprendre le monde qui nous entoure.
Il faut donc aider les élèves à analyser la complexité qu'ils connaissent, pour construire les notions dites «simples», difficiles car abstraites, qui sont la charpente du savoir.
La démarche d'enseignement doit donc consister à favoriser ce travail d'analyse.
5- On ne sait vraiment que ce qu’on a construit soi-même. Le travail de l’enseignant consiste donc à mettre les élèves en situation de construire, c’est-à-dire de découvrir, de s’étonner, de raisonner, de chercher à se documenter, donc de vivre en coopération des situations problèmes.
5- Apprendre consiste, non à empiler des savoirs tout faits, mais à mettre en relation des éléments qui semblent coupés les uns des autres dans l'expérience.
C'est pourquoi, un travail par comparaison est toujours plus efficace. On ne peut du reste analyser que si l'on compare et l'on ne peut comparer que si l'on analyse.
6- La formation morale s'effectue plus par la manière de vivre que par des leçons. Les valeurs de respect, de solidarité, de courtoisie, doivent donc être vécues dans les relations maître/élèves et élèves/élèves et dans la manière de concevoir le travail d'apprentissage (travail d'équipes, entr'aide, absence de compétition, évaluation conçue comme la mesure des progrès et non comme des sanctions etc.), avant d’être formalisées sous forme de règles de vie.
Les règles de morale sont des règles de fonctionnement de la vie en société, et non des règles à appliquer par devoir.
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