Répondre à BGT
Par Eveline, jeudi 6 septembre 2007 à 11:50 :: Education, Ecole et Pédagogie :: #15 :: rss
Le commentaire de BGT me semble vraiment intéressant et assez exemplaire de la pensée de beaucoup de collègues, de collège notamment. Je me permets de lui répondre amicalement au sein même de son texte.
N'y aurait-il pas une voie médiane
Je crois profondément que la voie médiane n'est pas une solution : le milieu n’est jamais juste. J'ai toujours pensé que c'est une solution dialectique qu'il faut chercher, et non un "milieu"….
entre la sélection à l'entrée en sixième sauce droitière (qui est conçue comme fonctionnant un peu comme la sélection entre voie générale et voie technique en Finlande d'ailleurs, c'est-à-dire sans recours possible) et l'abandon pur et simple des élèves en difficulté au collège, sous prétexte que le redoublement ne sert à rien.
Je ne suis pas sûre du tout que l’alternative soit là.
Dans ma dernière classe de sixième, sur 26 gamins, j'en avait trois qui ne lisaient pas du tout, cinq qui déchiffraient sans comprendre et 17 qui ne satisfaisaient pas au niveau de lecture requis pour travailler en histoire-géographie (pourtant les instits étaient très fiers à la réunion CM2-6e de leurs métodes idéo-machin-chose sensées marcher du tonnerre de Zeus). De pauvres hères, ces enfants, avec papa-maman au chomdu et des appartements trop petits pour des familles trop nombreuses.
Attention ! On est en plein dans l’effet Pygmalion. Ce n’est pas uniquement à cause de papa/maman au chomdu et à l’étroitesse du logement, qu’ils étaient en échec, c’est parce que les devoirs sont à faire à la maison, parce que le travail ne se fait pas en classe, que le travail d’apprentissage ne se fait pas en groupes (afin, entre autres avantages, de partager la responsabilité de l’erreur, comme de la réussite), ce qui isole les enfants dans leurs acquis familiaux, au lieu d’enrichir tout le monde avec les richesses de chacun.
Pour moi, c’est cela la gauche, la mienne en tout cas, comme vous dites joliment !
Ce qui est saisissant avec ce débat sélection / redoublement - et effrayant pour la Gauche, ma Gauche, ai-je envie de dire - c'est que les solutions à droite et chez nous reviennent au même : une reproduction des inégalités.
On est bien d’accord !!
Le problème ne réside pas dans le redoublement ou la sélection, mais dans l'absence totale de structures adaptées aux difficultés de chacun. Quelle pensée babare celle qui veut lâcher un enfant dans un environnement hostile parce qu'il ne maîtrise pas les savoirs essentiels pour y réussir !
S’il s’agit de l’environnement scolaire, il n’a pas à être hostile ; et s’il s’agit de l’environnement social, qui l’est indubitablement, une des tâches de l’école, c’est d’aider les enfants à vivre positivement cet environnement hostile, ce que seule la connaissance - et la plus haute — permet.
Les anti-redoublement me font penser à ce salaud de maître nageur qui m'avait balancé à la baille quand j'avais dix ans, sous prétexte qu'à cet âge, on sait nager et c'est tout. Qu'est-ce que j'aurais aimé redoubler ! Rester encore un peu dans le petit bassin pour doucement me faire au contact de l'eau, au niveau qui monte, avant d'être jeté où l'on n'a pas pied...
Jolie comparaison (on la vit avec vous !!) sauf que ce n’était pas une question de redoubler !!! Le maître nageur était un bien mauvais maître qui ignorait les principes les plus élémentaires de la pédagogie.
(Tiens, vous voyez qu’on en a besoin !! et qu’il s’agit de prendre en compte l’affectif des enfants au lieu de les prendre pour des objets qui n’auraient qu’à se laisser faire…)
Ne pas laisser entrer un élève en sixième s'il ne peut pas suivre est une bonne chose.
Le problème, c’est qu’on ne peut jamais être sûr qu’il ne va pas suivre : moi qui ai travaillé des années sur l’absence de redoublement, je peux vous dire que j’en ai vu beaucoup qui ont retrouvé leur confiance en eux avec du travail d’équipes, un enseignement orienté sur les stratégies qui font réussir, et pas seulement sur les contenus à apprendre, et une tout autre ambiance dans la classe faite de solidarité et d’écoute.
Ca évite les drames et la détestation d'une école qui ne laisse pas le temps à certains de s'y faire (les plus lents, les plus sensibles, un peu comme moi avec cette satanée flotte qui me colle encore une sacrée pétoche. Je suis perdu à jamais pour la natation. Oh ! Pas pour devenir Manaudou version homme, juste pour y prendre du plaisir l'été sur la plage). Ne perdons pas nos élèves.
Quelle belle phrase à laquelle je souscris totalement ! C’est presque ma devise, même si le moyen pour y parvenir n’est pas le même pour nous deux.
Empêcher définitivement un élève d'y entrer par contre, c'est là que réside la dimension criminelle de l'esprit de cette mesure.
Oui, bien sûr. L’ennui, c’est que ça ne peut pas être autrement que définitif...
Il faut prévoir des moments de pause, d'adaptation (ça existait à une époque, mon épouse à fait une seconde "méthodologique" avant d'entrer en seconde au lycée, et on lui doit le goût revenu pour les études).
Le même résultat aurait été obtenu avec une autre manière de concevoir la classe, celle que j’évoque un peu plus haut
Bref, cette sélection est pour moi de la même eau que ce que l'on fait aujourd'hui en faisant passer systématiquement dans la classe supérieure sans mesure d'accompagnement : une condamnation.
Si l'école ne change pas sa manière de faire, vous avez raison. Mais comme c'est une effroyable solution, il FAUT QUE L'ÉCOLE CHANGE SA MANIÈRE DE FAIRE. C'est indispensable et urgent, car, si cela a beaucoup été dit depuis quarante ans et plus, cela n'a jamais été vraiment fait. Et les résultats d'aujourd'hui sont le fruit de cette non mise en application...
Commentaires
1. Le jeudi 6 septembre 2007 à 22:03, par BGT
2. Le vendredi 7 septembre 2007 à 10:14, par Eveline
3. Le dimanche 23 septembre 2007 à 22:50, par btq
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