Enseigner le français avec Eveline Charmeux

Christian Montelle : les récits fondateurs


Les hommes sont faits des récits qu’ils reçoivent.

Les récits fondateurs de la tradition orale sont un patrimoine infiniment précieux, même s’ils sont peu considérés par les élites intellectuelles et les instances dirigeantes. Ils ont traversé des milliers d’années, toujours semblables et toujours renouvelés, toujours accessibles à tous, alors que les œuvres écrites, marquées par leur époque disparaissent inéluctablement. Les auteurs étrangers sont magnifiquement ignorés par la plupart de nos concitoyens. Les récits de la tradition nous permettent au contraire de connaître les civilisations et les cultures de tous les peuples de la terre. Ils nous ouvrent aux autres, à l’étranger, notre frère, si semblable à nous dans ses désirs et dans ses peurs, si enrichissant dans ses différences de coutumes et de modes de vie. Les contes et les légendes rassemblent, dans une écoute commune, tous les âges, toutes les catégories sociales ou socioculturelles, toutes les origines ethniques : ils sont le patrimoine commun de l’humanité et en cela, ils sont un facteur d’intégration et de rassemblement.

Les récits fondateurs orataires devraient être au cœur de la transmission pédagogique :
- ils enseignent la langue et le monde, d’une façon douce et attractive,
- ils permettent de construire le temps et de se rendre maître de l’espace, grâce aux légendes,
- ils proposent des modèles éthiques*,
- ils initient au monde de l’esthétique*,
Dès qu’on est capable de les lire, les œuvres littéraires remplissent les mêmes fonctions fondatrices et humanistes que l’orature*, qui est la matrice de la littérature.

Connaître la langue et le monde

À la lecture ou à l’écoute des collectes des folkloristes, on est frappé par la richesse de la langue des conteurs populaires dont ils ont recueilli les récits. Les textes de la tradition orale sont indissociables d’une poétique. Si ces récits sont racontés dans une langue de riche facture orataire, ils deviennent des sources langagières précieuses. Les enfants nourris de cette manne acquièrent une compétence* intuitive de leur langue maternelle, sous de multiples facettes :
- lexiques multiples et précis au gré des mondes évoqués dans tel ou tel conte ou légende : lexique du monde environnemental, lexiques de régions et pays différents, lexiques de domaines variés (zoologie, botanique, architecture…), lexiques de registres* divers,
- structures grammaticales complexes rencontrées en situation : les randonnées enseignent les propositions subordonnées relatives, les devinettes familiarisent avec les subordonnées de cause et l’interrogation, les contes merveilleux enseignent l’usage de l’emploi des temps ; toute notre grammaire est mise en œuvre dans ces textes multiformes qui utilisent toutes les variétés de discours ;
- structures textuelles variées, et en particulier, dans les récits : un large éventail de structures narratives et argumentatives, les différentes formes de discours* rapportés, l’organisation des descriptions et des portraits (établissement du monde du récit),
- organisations stylistiques de toutes sortes : poésie d’un portrait ou d’une description, emphase d’un récit épique, humour d’un conte facétieux,
- différentes voix et langues du récit : narrateur*, commentateur, paroles de personnages, avec leurs syntaxes, leurs styles et leurs registres*,
- prosodie* de la langue dans les petits couplets répétitifs dits ou chantés qui scandent les textes de la tradition : toutes les ressources de la parole sont utilisées par le conteur habile.

Les récits de la tradition orale sont de véritables écoles de langue. Par l’écoute, d’abord, qui donne des modèles, puis par la pratique du contage, les enfants engrangent tous les éléments qui leur permettront d’accéder vraiment à la maîtrise du langage, première arme contre l’illettrisme et l’échec scolaire. Ils prennent l’habitude de former des images à partir de mots sans être obnubilés par la forme graphique du signifiant : le monde de la lecture leur sera plus facilement accessible. Ils engrangent également des connaissances qui leur permettront d’entrer facilement dans les textes de la littérature et aussi dans le monde de la culture. Ayant voyagé par ces textes dans différents pays, dans différents milieux, ils éprouvent un grand plaisir à retrouver dans les livres des mondes familiers, dont ils connaissent maintenant les lexiques et les coutumes. Ils recherchent et retrouvent dans les livres les plaisirs de la fiction, des voyages dans l’imaginaire, dont ils ont d’abord joui par l’ouïe. Ils savent apprécier ces mises en congé du réel qui nous permettent de mieux comprendre et aimer ce monde, notre maison commune, de donner du sens à notre présence sur terre, de croire à notre devenir.

DES MOTS ET DES CHIFFRES

Des chercheurs américains travaillant sur le problème de la construction du sens lors de la lecture sont arrivés à des conclusions similaires à celles que j’expose dans le présent ouvrage. E.D. Hirsch Jr insiste sur le fait que la pauvreté en lexique, en contenus et en style des textes proposés aux jeunes enfants est un facteur déterminant de l’aggravation de l’échec scolaire.
Une étude statistique d’Isabel Beck, citée dans cette revue, met en lumière l’ampleur des acquisitions lexicales indispensables. Un lycéen de Terminale (12 th-grade) de bon niveau connaît entre 60 000 et 100 000 mots, disons 80 000, y compris les noms propres, les argots… Il a bénéficié (au mieux) de 15 années de scolarité et il a donc appris environ 5 000 mots par an, en moyenne 15 mots par jour d’école ou de repos. On apprend énormément de vocabulaire hors de l’école — au moins pour certains élèves — mais beaucoup de mots ne se rencontrent qu’à l’école. Pour les enfants qui ne lisent pas, la parole du maître est la principale source de mots nouveaux expliqués. Un professeur, un parent devrait se demander chaque jour :
« Combien de mots ai-je donné à mes élèves — ou à mes enfants — aujourd’hui. Leur ai-je permis d’enrichir leur trésor de mots ? »
La véritable maîtrise d’un élément lexical nécessite un dévoilement du contexte et au moins quatre rencontres avec ce mot (douze rencontres amènent à une maîtrise parfaite). Ces rencontres se font dans des contextes différents et le mot se charge peu à peu d’écailles de sens : l’enfant construit sa propre constellation sémantique du mot. Hirsch insiste sur l’immense gaspillage de temps constaté lorsque les textes oraux et écrits proposés aux élèves n’utilisent que leur propre vocabulaire et ne se réfèrent qu’à leur « vécu ». Cette pratique soi-disant démocratique est, en fait, impitoyablement élitiste et c’est un moyen d’exclusion particulièrement pervers.
Cependant, les auteurs de l’article ne prennent pas assez en compte le nourrissage précoce par l’oreille et préconisent simplement un enseignement systématique du vocabulaire, sans trop préciser par quelles méthodes.
Laissons le dernier mot à Pablo Neruda qui, comme Mallarmé, Sartre, Pagnol, et tant d’autres, a chanté les mots : Tout ce que vous voudrez, oui, monsieur, mais ce sont les mots qui chantent, les mots qui montent et qui descendent… Je me prosterne devant eux… Je les aime, je m’y colle, je les traque, je les mords, je les dilapide… J’aime tant les mots…

Construction du temps

Dans un ouvrage récent, François Hartog, définit « différents régimes d’historicité » :
- dans l’ancien régime, le passé était glorifié et donné en exemple,
- les Lumières, à partir de la Révolution, renient le passé (du passé faisons table rase) et donnent le futur comme objectif unique, dans une perspective de progrès continu,
- à la fin du XXe siècle, la désillusion et le désespoir générés par le siècle sonnent la mort des idéologies ; les visées se réduisent au présent et au très court terme. Le passé est constamment commémoré dans une démarche qui le présentifie : on juge les actes à la lumière des idées modernes, on se livre au plaisir trouble du repentir exhibé. On ne croit plus à l’avenir : No future et Carpe diem sont les fondements de l’économie de marché. Les approches chronologiques sont proscrites, y compris pour la littérature et l’histoire. La prospective se réduit au prochain rendez-vous électoral. C’est ce qu’Hartog nomme le présentisme.
La narration chronologique a même disparu pendant un temps du roman, remplacée par des impressions fugaces, des notations minutieuses de l’état des lieux, des auto-analyses complaisantes, au risque de générer un immense ennui chez le lecteur.

Paul Ricœur montre dans les volumes qu’il a consacrés à ces problèmes que c’est par un passage dans l’intemporel et l’utopie des récits fictionnels, littéraires ou historiques, que nous pouvons maîtriser et organiser le temps. Prisonniers du présent, de tel lieu, de telle réalité, nous ne disposons d’aucune perspective pour prévoir notre avenir à la lumière de l’expérience passée. Il est évident que cette a-chronie est mortifère : les valeurs, les projets varient selon la conjoncture, sont consommés et consumés avant même d’exister vraiment. Les médias définissent les vérités du jour et l’oubli les engloutit le lendemain. La télévision « présente » en un flux continu et non maîtrisé aussi bien l’homme de Néandertal que la capsule spatiale, en réduisant tout à des images fugitives et à des émotions primales : l’impression remplace la réflexion. Les présentoirs de librairie se couvrent de milliers de livres qui se volatilisent sans laisser de traces, tels des légumes du jour. L’horizon du monde est le cours de la Bourse : le cours du temps n’est pas une valeur que l’on peut coter. Tout le monde court, mais pour aller où, si l’on ne maîtrise pas le temps ? D’ailleurs le temps se dissout, se détraque peu à peu, devient de moins en moins disponible : tous ceux que nous rencontrons semblent très occupés à rechercher le temps perdu.
Il est donc urgent de redonner une place centrale à la transmission des récits (différents de la relation des faits) orataires et littéraires, dans l’enseignement de la langue et dans celui de l’histoire afin que chacun puisse organiser le/son temps selon une perspective humaine. Retrouver simplement le temps du vivre.

Valeurs éthiques*.

Les récits, en imitant de façon fictive l’action des hommes, la réinterprètent, la refigurent. Ils nous amènent à refigurer* le monde et aussi à nous refigurer dans le monde. Cette refiguration du monde peut être positive ou négative selon les récits proposés. On pourrait dire que les récits qui donnent envie de vivre, qui transmettent des valeurs de solidarité, d’amour, de respect du faible, de la beauté, de la nature, du patrimoine sont des récits fondateurs, les récits qui désespèrent, qui utilisent à des fins mercantiles la violence, la destruction, la victoire à tout prix, la prédation et la mort sont des récits conformateurs, des drogues qui permettent d’aliéner leurs cibles, en s’adressant à leurs pulsions* primales, en leur donnant de l’être humain, et donc d’eux-mêmes, une image désespérante. Être civilisé, c’est tenter de maîtriser ses pulsions*, non pas les laisser exploser sans souci d’autrui.

Il ne s’agit pas d’édulcorer les messages et de donner une vision idyllique du monde, ce qui laisserait les enfants sans armes pour affronter les difficultés de la vie. La violence a des origines psychologiques et des origines sociales tellement constitutives de l’homme et de la société qu’il est vain de vouloir la vaincre en la niant. On ne peut que tenter de la réguler par des lois sociales équitables qui réduisent les écarts injustes et de la maîtriser par l’éducation. C’est là que peuvent intervenir les récits fondateurs qui rendent tabous certains comportements et qui permettent à chacun de tenter d’adopter des règles de vie aussi éthiques* que possible. Dans les récits fondateurs, la violence est présentée de façon symbolique, et non réaliste. Cela les différencie des produits à visée purement mercantile, qui, eux, se complaisent à montrer et promouvoir l’horreur des pulsions* déchaînées, sans aucune perspective qui puisse donner l’espoir de les maîtriser. Ils les montrent, tout au contraire, si inéluctables que cela ne peut entraîner que la résignation et le désespoir, voire le désir d’y succomber, d’éprouver le plaisir d’infliger la souffrance et la mort ou d’exercer un pouvoir aveugle et destructeur sur les faibles.

Le problème de la violence dans les médias est souvent mal abordé. Les psychologues disent à juste titre que la violence existe et que les films ne sont qu’un miroir de la société : on ne peut embellir le monde en supprimant le miroir. Ce qui est dangereux, c’est la manière de présenter la violence, ce sont aussi les modèles de comportements qui sont proposés. Quand un animateur agresse systématiquement ses interlocuteurs, leur coupe la parole de façon grossière, c’est déjà un modèle de la relation à autrui qui est mis en place. Cela peut être bien plus pernicieux qu’une séquence grand-guignolesque de massacre à la mitraillette à laquelle personne ne croit (sauf les tout-petits qui ne doivent pas assister à de telles scènes).

LE CISEAU OU LE SYMBOLE ?

Un réseau de chaînes de télévision américaine a décidé d’éradiquer le sexe et la violence des écrans, en supprimant toutes les scènes de sexe ou de violence des films. Ces moralistes prohibitionnistes sont aussi idiots que le curé du film Cinéma Paradiso qui coupait les baisers de Grace Kelly ! La violence et le sexe sont parties intégrantes du monde et totalement inhérents à la nature humaine ; on ne les éradiquera jamais, à moins de supprimer l’homme. Il s’agit de les maîtriser, non pas en les montrant dans la crudité de leur réalité anecdotique, ce qui développe voyeurisme et fascination, mais de façon symbolique en chargeant des « rôles » ou des « masques » d’en montrer les dangers et aussi de donner l’espoir à l’homme qu’il peut maîtriser ses pulsions*, ces pulsions qui sont humaines et non monstrueuses (l’adolescent découvre souvent avec appréhension ce « ça » qui surgit en lui). Les récits de la tradition sont terriblement violents, mais le mal s’appelle loup, tyran, sorcière, ogre ou dragon, pas Barbie, Petiot ou Mesrine.

Les héros des récits fondateurs combattent victorieusement le déterminisme* apparent du mal et ils donnent espoir de vie et de liberté à tous. Par leur médiation symbolique, chacun peut nommer, situer et dominer ses angoisses. Il est donc idiot d’inventer des loups, des sorcières ou des tyrans « gentils », car on prive ainsi les enfants d’un moyen d’exorciser leurs peurs. Ils se jettent alors sur le gore* et autres sanguinoleries qui n’ont pas de rôle de médiation symbolique, parce qu’ils présentent l’horreur, au lieu de la représenter sous l’artifice du symbole et de l’art.

En sachant aussi évoquer toutes les beautés et les merveilles qui fondent notre monde, les récits orataires et littéraires présentent des maquettes de vie sous une forme artistique et poétique qui demande une interprétation* et qui laisse donc une forte marge de liberté aux récepteurs. Ils permettent ainsi à chaque individu de développer en lui ce qui le rend humain, grâce à l’expérience des générations qui l’ont précédé. Cette fondation de « l’humanité de l’homme » est double, comme est double le sens du mot identité qui se manifeste dans des capacités :

Construction de l’identité psychologique

Les récits fondateurs étant le théâtre de toutes les situations de l’aventure humaine (relations aux parents, relations d’amitié, d’amour et de haine, problèmes liés à la séparation et à la mort, hiérarchies nécessaires et inégalités réelles, passages vécus à différents âges, relation au travail…) permettent aux êtres humains de construire et reconstruire un modèle du monde et aussi de se figurer* dans le monde. Leurs instincts, leurs pulsions*, leurs désirs seront modulés par ce modèle de façon consciente, et surtout inconsciente, car ces récits font appel aux langages symboliques qui atteignent le plus profond de l’inconscient* de l’homme. Cela implique d’ailleurs de sérieuses responsabilités pour ceux qui utilisent ces textes. Ils ne doivent pas utiliser le pouvoir des contes à leur profit, mais rester au service de cet héritage.

Construction de l’identité sociale

Les récits fondateurs apprennent les comportements et habitus* sociaux, montrent la nécessité d’un partage équitable des richesses générées par le travail, de la solidarité, de la justice, des hiérarchies justifiées, du respect des autres, de comportements civils, de la préservation du milieu et des biens collectifs ou culturels. Ils montrent aussi que si la révolte injustifiée et destructrice est vaine, la résistance à l’injustice et à l’oppression est un devoir. Ils exaltent la transgression de lois injustes qui peut permettre un progrès et montrent les dangers de la transgression régressive des règles de vie commune.

Ces récits constituent un thesaurus* du psychique et de l’éthique* qui peuvent servir de référence aux différentes communautés* — une classe d’école est une communauté— et qui les fondent dans leurs valeurs et leurs comportements. Ce fonds commun tisse entre les membres des groupes, et entre les groupes, des liens choisis et acceptés ; je dirais des liens qui les religione de façon laïque, si je peux me permettre ce néologisme qui attribue quelque transcendance à ces références socialisantes ? Transcendance athée, agnostique, laïque ou transcendance divine, qu’importe, pourvu qu’elle permette d’échapper à la médiocrité du vécu, réduit à l’écume des jours et vendu à l’encan de l’Audimat ?

Les récits fondateurs permettent de s’abstraire du réel, par un passage dans l’utopie* (ce non-lieu intemporel qui est notre espace de liberté) de façon à maîtriser ce réel et à s’imaginer un destin. Tant que nous restons soumis à la contingence de la réalité perçue et vécue, nous subissons notre sort, selon les aléas du hasard et de la nécessité, les lois physico-chimiques, les déterminismes* génétiques et sociaux. Depuis la nuit des temps, les hommes se racontent des histoires, se disent des poèmes, rejouent le monde en des re-présentations* théâtrales et/ou religieuses, pour échapper à ce déterminisme*, pour réinventer, refigurer* leur destin d’homme et se persuader qu’ils ne sont pas que des sauvageons ou des consommateurs, ce qui est à peu près la même chose. Ce lieu, le lieu du rêve partagé, permet de se trouver une formidable force de vivre et d’aimer, de ne pas se contenter d’être un pousse-caddie aigri et frustré qui veut posséder « toujours plus ».

Cependant, il faut garder à l’esprit le fait que le rêve ne peut pas être collectivisé. L’utopie imposée conduit au cauchemar, qu’on l’appelle Inquisition, intégrisme, phalanstère, national-socialisme, socialisme soviétique ou Marché mondial. En effet, si le Bien, le Beau et le Vrai sont décidés par des individus qui les utilisent afin d’imposer leurs intérêts, les relations entre les groupes et les nations deviennent vite conflictuelles, soumises aux seuls rapports de force.
L’utopie est un espace de liberté individuel, mais ce havre fictionnel est nourri de tous les rêves, de toute la folie et de toute la sagesse de ceux qui nous ont précédés. Chaque être humain construit son propre refuge d’espoir et c’est dans ce non-lieu/non-temps, meta- ou transphysique, généré par son imagination, qu’il construit librement les choix de vie qui lui permettront de ne pas subir son sort dans la passivité et la manipulation.
S’enfermer dans le réalisme conduit au constat impuissant, à la banalisation du malheur, au désespoir destructeur. Un passage dans le pays des songes permet de résister au pragmatisme des cyniques manipulateurs, d’élaborer une conscience collective faite de la somme synergique des consciences individuelles. Manifestement Big Brother préfère et impose une « reality » qu’il présente à sa manière : reality-shows, télévision réalité…, afin d’aliéner ses sujets.
Tout pédagogue devrait se considérer comme un passeur vers les espaces de la liberté

Parodiant de façon un peu audacieuse Descartes, puis-je me permettre d’ajouter à son : Je pense, donc je suis, un réconfortant : Je rêve, donc je vis. Vivre, c’est être présent au monde, c’est penser son être, mais c’est surtout rêver et aimer le monde et les êtres humains qui le peuplent. Pour cela, il est nécessaire de s’extraire de la pure matérialité des choses et de faire appel aux langages symboliques que nous propose la culture.