Faut-il en rire, ou en pleurer ?

Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs.

Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique...

Par Eveline, mercredi 23 janvier 2019 à 12:29 :: Education, Ecole et Pédagogie :: #375 :: rss

Les évaluations CP en janvier, c'était déjà dur à supporter, si dur qu'il faut absolument trouver des moyens d'en limiter au maximum les dégâts qu'elles vont commettre sur les petits et sur leur avenir d'élèves et de lecteurs.
Aussi devons-nous avoir une miette de reconnaissance pour cette remarquable invention pédagogique et culturelle, sortie depuis un an déjà, avec la bénédiction des instances dirigeantes, mais reprise avec enthousiasme par une collègue (soupir de tristesse...), et présentée par l'Expresso du Café pédagogique, ce matin, sous le titre original de " livres en sons simples ".

Sans trop m'arrêter sur l'étrange utilisation de la préposition "en", là où l'on attendrait plutôt quelque chose, comme "avec"; un "en" qui induit que le "son simple" en est le constituant essentiel — un peu comme une partition musicale — mais surtout saisie d'une vive curiosité pour voir de près de tels "livres", j'ai exploré le site de la collègue :

http://www.maitresseuh.fr/recapitulatif-livres-ecrits-avec-des-sons-simples-uniquement-a135345668

Et je dois dire que je n'ai pas été déçue ! Au point de désirer tout aussi vivement partager ce moment de plaisir avec vous tous.

Voici le début du premier ouvrage, et vous conviendrez avec moi, qu'avec une entrée si ambitieuse dans la haute littérature, l'avenir de nos petits sera "Kulturel", ou ne sera pas ... Et l'on notera l'astuce pleine de finesse pour limiter au maximum les conséquences — si gênantes pour la prononciation — des lettres en trop de notre orthographe.

Tout est là : la lecture et l'écriture. On s'incline.

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Commentaires

1. Le jeudi 24 janvier 2019 à 14:23, par Laurent CARLE

Livres en sons simples

Ce qui me frappe c’est la médiocrité pédagogique, pour ne pas dire le néant, et l’indigence de pensée dont sont affectés ces discours orthodoxes, conformes à la doctrine, débités par des auteurs de plateformes internet, ridicules, ou hébergés en tant qu’experts par des sites dits pédagogiques. Principe alphabétique, conscience phonique, prérequis, syllabe, rime, phonème, mécanismes d’identification, alphabétisation, médiation phonologique, orthophonie, dyslexie, dysphonie, dysarthrie, dysphasie, dyspraxie, dysgraphie, dysorthographie, dyscalculie (réserves chroniques de clientèle), code de correspondance, encodage, décodage, segmentation, fusion, non-mots, pseudo-mots, lecture courante, fluence, cours de soutien (sic)…, une maitresse formatrice qui chronomètre la vitesse de lecture orale, ignorant que le débit de la parole en français ne peut dépasser 9 000/10 000 mots heures. Les petits Français sont passibles de toutes les « pathologies ». Si les professionnels de « l’éducation » sont forcément sains d’esprit, alors ils sont vides ou avides. Les écoliers français n’ont pas mérité ça. Si tous ces gens, qui étalent sans pudeur leur ignorance savante, sont vraiment titulaires des diplômes requis et nantis de certificats officiellement homologués, il faut croire que l’institution scolaire française est en pleine décadence, de l’université à la maternelle, du nord au sud, de l’est à l’ouest, du sommet jusqu’à la base de la hiérarchie.

« L’enfant à qui on fait lire : « Nan avait un coussin. Nan avait un coussin marron. Dan a couru. Dan a couru jusqu’au coussin. », ou des stupidités semblables, ou même pires, ne peut absolument pas avoir l’impression d’être initié à la littérature… Ces livres sont une insulte à l’intelligence de l’enfant. », écrivait Bruno Bettelheim en 1981 dans « La lecture et l’enfant ». Bruno, reviens, ils récidivent impunément ! Si ce n’était qu’insulte…

L’avenir est sombre. Le système va s’écrouler. Si j’étais catholique pratiquant je processionnerais pieds nus jusqu’à Notre Dame de la Bonne Ecole pour lui demander un miracle.

Peut-être devrait-on ressusciter Molière ?

2. Le jeudi 24 janvier 2019 à 20:53, par David.S

Je viens de lire l'article suivant :
www.cafepedagogique.net/l...

Je reste sans voix...Qu'il est fier notre ministre ! C'est grâce à lui les résultats ! Et surtout à la syllabique...

Mais où va-t-on ? Je réduis les classes pour prouver à tous que la syllabique fonctionne. Et le pire c'est que cela marche pour les médias !

3. Le vendredi 25 janvier 2019 à 10:16, par Julos

"Sauf de mécontenter les enseignants." conclut F.Jarraud en toute fin d'article. Je le trouve très... optimiste, quand on a en mémoire ce que nous racontait David précédemment de ce qui s'échange dans certaines salles des maîtres. Parce que la fluence ça semble séduire nombre de collègues... agissant tel un fluide bienfaisant sur les esprits. Ceux des adultes du moins, enseignants et parents.

"C'est la méthode syllabique qui s'applique qui insiste sur la rapidité en lecture des enfants..." (sic!)

Faire cohabiter dans la même phrase "syllabique" et "rapidité de lecture" ça laisse perplexe sur "les vrais savants" auxquels le ministre prête l'oreille !

Et puis il y a cette manie de se débarrasser des lettres qui ne se prononcent pas en les colorant. Ah les sales bêtes !
Mais quelle irresponsabilité ! quelle inconscience de la part des faiseurs de livres pseudo-pédagogiques et de ceux qui les éditent !

Désolé, chère Éveline, mais je n'arrive pas à en rire. Il est vrai que je suis un grand émotif...

4. Le dimanche 14 avril 2019 à 22:03, par Isa 58

Je ne suis pas enseignante mais je vous trouve injustes et dures dans vos réflexions. Je suis Maman de deux enfants. Mon fils de 8 ans a eu des difficultés au cp. Il a commencé à prendre plaisir en lisant seul ce mgenre de petits livres. Et ma fille de 4 ans actuellement en ms lit ce genre de petits livres avec beaucoup d'entrain" et en est très fière. Alors oui ce n'est pas de la grande littérature mais elle n'a que 4 ans! Et si j'avais mis mon fils devant des lectures plus complexes il se serait découragé. Cela ne m'empêche pas de leur lire beaucoup d'histoires. Ces livres ont le mérite d'exister. Je ne vois pas en quoi cela vous donne envie de pleurer. Mon fils lit maintenant des livres de la bibliothèque verte.

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