Ce sursaut, dont voici un exemple très clair : « Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter »
me semble particulièrement inquiétant, dénotant une conception de l'éducation à l'ancienne, fondée sur l'obéissance, et la punition.
C'est-à-dire sur la violence.
Mais, ce qui me paraît pire, c'est le ton, qui mêle fâcheusement agressivité et menace. Tout le contraire de ce qu'on appelle une éducation.
Il est clair, en effet, à lire ses propos, que, pour lui, la différence entre "autorité" et "violence", n'a pas grand-chose d'évident : combattre la violence en l'utilisant ne le choque en rien.
Et pourtant, que ce soit au plan international ou dans le quotidien, toute personne qui réfléchit un peu, sait que le résultat des escalades de violences sont, sans aucune exception, mortifères pour chacun des adversaires. Même dans le cas, très rare, où l'on a réussi à détruire complètement l'opposant, on sait bien que le retour se fera tôt ou tard, à travers la fameuse "vengeance" qui ramènera inévitablement le combat, et se mange souvent froide.

Mais, notre ministre, qui découvre perpétuellement l'eau chaude, au moment où elle n'est plus nécessaire, et parce qu'il n'est pas encombré par des connaissances en nombre excessif, continue de prôner sans vergogne, un "sursaut d'autorité", contre les violence des jeunes.
Enfin ! Quel âge a-t-il pour penser que c'est une solution ? Est-il sorti ailleurs que dans les alentours de son Ecole Alsacienne ? Lui arrive-t-il de lire la presse ? De voir ou écouter les informations à la radio et la Télé ? De réfléchir un peu ?
Un sursaut d'autorité ? Mais ça ne fait plus peur depuis longtemps ! Du reste, la peur n'a jamais rendu intelligent, au contraire ! Il serait bon qu'on en informe ce ministre.
Mon instituteur de père racontait volontiers qu'un jour où, excédé, il avait levé la main devant un élève, plus que récalcitrant, celui-ci, en le regardant droit dans les yeux, lui avait répondu : "Vas-y frappe ! Tu frapperas jamais aussi fort que mon père ! "
Donc, pour ce qui est du "sursaut d'autorité", Gabriel Attal peut aller se rhabiller : son costume n'est pas à la hauteur.

Que faudrait-il faire alors ?

Dans les années 68, GB, un dessinateur bien connu par ses dessins humoristiques dans diverses revues, dont Charlie-Hebdo, ami de Cavanna, avait lancé la formule "Arrêtons tout et faisons un pas de côté".
Excellent conseil, qui s'est révélé, par la suite plus que judicieux. J'y ai bien souvent repensé dans les moments difficiles, et, en classe, j'y ai eu recours bien des fois, dans de tels moments : on arrête tout, on réfléchit en se calmant, et en petits groupes, on discute de ce qui se passe.
Cela vaut mille fois plus que le ridicule et inutile "sursaut d'autorité" du sieur Attal, qui date singulièrement, et désole : on pense immédiatement au fameux "yfokon" des autoritaires en solutions.
Ce ministre n'a évidemment pas encore compris (à sa décharge, il y en a d'autres !) que seuls les échanges à égalité, permettent de convaincre, alors que la domination, comme la force, n'y arrive jamais.
Aussi, qu'il s'agisse de problèmes nationaux, internationaux ou très personnels, la seule solution est-elle de négocier, de tenter de convaincre ou de finir par être convaincu d'attendre et/ou de renoncer, provisoirement.

En fait, parler d'autorité n'a de sens que s'il s'agit de celle qui s'impose en douceur, sans être annoncée, sans se voir, et sans être appelée.
Tout le monde n'a pas la chance de l'avoir à disposition. La présence ou l'absence de celle-ci est une grande question, pour beaucoup, notamment chez les professeurs.
On l'a tous vécu : il est des professeurs chahutés, et qui, sans le vouloir, en arrivent à pousser les élèves au chahut, et d'autres qui, d'eux-mêmes, sans efforts particuliers, ne le seront jamais. Tout le monde n'a pas ce pouvoir. Mais on peut apprendre à le construire — par le silence, le calme, et la patience, jamais en criant plus fort, ce qui est malheureusement souvent la tentation du prof chahuté. C'est en se taisant qu'on calme une classe qui s'agite : bien des collègues s'en sont aperçu.

Une chose est certaine : l'autorité n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais un "sursaut". Et "serrer la vis" n'en a jamais été la preuve, au contraire !!
C'est une construction lente et difficile d'un comportement qui, sans aucune violence, "en impose" aux autres, mais toujours dans un rapport d'égalité.
L'autorité, c'est le contraire de la domination.
Jamais demandée elle s'installe naturellement : certains l'ont de naissance, d'autres, ont réussi à l'acquérir, en lisant, en réfléchissant, avec humilité, devant tout ce qu'ils ne savent pas, tout ce que leurs prédécesseurs ont dit et fait avant lui...

Mais l'humilité est une des nombreuses choses que monsieur Attal ignore : pour lui, tout commence avec lui. Ce qui a pu se passer avant lui est sans intérêt, et il ne se donne pas la peine de s'y intéresser.
L'ennui, c'est que, sans tout ce que nos prédécesseurs nous ont laissé, — cela s'appelle la culture — nous ne sommes rien, ou presque rien. Mais comme Gabriel Attal ne s'y intéresse pas, la conclusion s'impose : il ne peut avoir aucune autorité, et n'en aura probablement jamais, car, en dépit de ses annonces, elle ne peut surgir d'aucun "sursaut".

L'autorité, monsieur Attal, ministre sans culture, c'est tout ce que vous n'avez pas, et qu'aucun "sursaut" ne vous donnera, car il vous manque l'essentiel pour cela.
En politique, plus qu'ailleurs peut-être, être cultivé, est chose essentielle.