A quoi et à qui peut servir une évaluation ?
Quand on pose cette question, on découvre d'emblée combien cette notion est plus complexe qu'on ne le croit en général... Selon les destinataires, ses fonctions sont différentes ainsi que ce sur quoi elle porte. Or, ces destinataires sont divers et leurs besoins ne sont pas les mêmes.
1- Les parents. Ce qu'ils attendent, c'est d'être rassurés sur les progrès de leur enfant, c'est-à-dire sur les nouveaux savoirs qu'il a acquis. Il faut donc leur permettre de connaître les savoirs que cet enfant avait en arrivant et les nouveaux qu'il a alors. Une telle évaluation ne peut en aucun cas avoir la forme d'une note ou d'un classement, mais devrait se présenter comme un descriptif de type quantitatif de ce que l'élève sait faire de nouveau,
2- Les supérieurs hiérarchiques de l'enseignant. Ceux-ci ont essentiellement besoin d'avoir des preuves de ce que le travail de l'enseignant a bien été effectué, afin de justifier son salaire. L' évaluation doit alors porter sur les résultats obtenus par les élèves, accompagnés d'exemples du travail d'enseignement qui leur a été proposé.
3- L'enseignant lui-même. L'enseignant, responsable du travail d'enseignement permettant les apprentissages des élèves, a besoin de deux types d'évaluation : celle des savoirs déjà-là des élèves et celle des savoirs acquis par eux grâce à son travail d'enseignement. Ces deux évaluations qui lui servent de feed-back indispensable de son travail, ont également comme fonction de l'aider à définir le travail qui reste à fournir et la manière de le mener.
4- L'élève. Pour lui, c'est évidemment la preuve de ses progrès personnels dont il a absolument besoin, à la fois pour en être informé, pour mieux se connaître et aussi pour être encouragé à poursuivre son travail d'apprentissage. C'est pour lui que l'on peut dire qu'une évaluation efficace doit impérativement avoir quatre vertus cardinales :
* être rare : on a des raisons de penser que l'évalutation trop fréquente freine (voire tue) la motivation à apprendre.
* être précise : on observe que souvent les évalautions en classe évaluent autre chose que ce qu'elles croient évaluer. Une lecture à haute vois n'évalue en rien le savoir lire, mais le savoir parler. Une interrogation écrite d'histoire évalue surtout une compétence d'écriture, mais pas vraiment les compétences hsitoriques recherchées, etc.
* être prévue : disons, en plaisantant qu'une évaluation ne doit jamais ressembler à une descente de police, même si c'est bien ce à quoi elle ressemble parfois...! L'évaluation surprise est un non sens, en sciences humaines.
Etre évalué, c 'est un événement auquel on doit pouvoir s'être préparé. C'est aussi une courtoisie élémentaire à l'égard de ceux qui apprennent ; c'est enfin une partie du contrat qui devrait être explicite toujours : le travail d'apprentissage est prévu sur telle durée et son évaluation est prévue à telle date.
* être joyeuse : aucun paradoxe ici, e tle fait qu'on puisse être étonné d'une telle affirmation est bien la preuve que l'école a totalement perverti le sens de l'évaluation. Contrairement aux apparences. Il est impossible, en effet, qu'un enfant n'ait pas appris quelque chose de ce qu'on lui a enseigné. Or, une évaluation n'a pas à repérer ce qu'il faudrait avoir retenu, mais ce qui a été retenu , effectivement. Et, sur ce point il y a toujorus quelque chose qui a été retenu ! mais pour le voir, il fua tsortir des habitudes de pensée "normative", sortir de la volonté de juger et de calsser els élèves, pour simplement les observer et les aider à évoluer.
5- Les responsables sociaux. Eux aussi attendent une évaluation. La fonction de celle-ci est d'apporter des certifications selon lesquelles l'élève en fin de scolairité a bien acquis les compétences nécessaires, soit à la pratique du métier qu'il a choisi, soit aux études longues ou spécialisées qu'il envisage d'entreprendre. Il s'agit alors d'une évaluation sommative, certificative, menée par des personnes extérieures à la formation, et qui prennent la forme d'examens, dont l'objectivité est garantie.
Il n'est pas inutile de rappeler à ce sujet que l'existence d'examens et de diplômes pour l'exercice d'une profession donnée, loin d'être une contrainte inadmissible (comme on l'entend dire parfois chez quelques irresponsables), est une garantie de démocratie et de liberté. Avant la Révolution, il suffisait d'acheter une charge pour avoir le droit de l'exercer — de l'acheter, ou de la recevoir en récompense... C'est un fait qu'il est souvent bon de rappeler aux élèves... On peut certes, déplorer parfois que la façon dont ils sont conçus ne soit pas toujours la plus pertinente pour la mission qui leur est confiée, mais il est hors de question d'envisager de les supprimer ou de les remplacer par un contrôle continu, lequel étant effectué par des formateurs responsables de la formation, ne peut, en aucun cas, certifier, de façon fiable, des compétences : on ne peut à la fois être partie prenante dans une formation et en certifier le résultat.