Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2008-06-05T09:31:51+02:00daily12008-06-05T09:31:51+02:00Quand le Pouvoir confond "conditions nécessaires" et "conditions suffisantes"... - ostiane
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2008-06-05T09:31:51+02:00ostianeUne horrible coquille...généralistes polyvalents......Une horrible coquille...généralistes polyvalents...]]>Quand le Pouvoir confond "conditions nécessaires" et "conditions suffisantes"... - ostiane
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2008-06-04T15:45:14+02:00ostianeChère Eveline,
Je ne suis pas au courant des détails de cette nouvelle réforme.
Ce que je puis ajouter, encore plus modestement que Christian puisque n'étant ni formatrice, ni spécialiste, je livre ici quelques réflexions nées de mes rencontres et de mes expériences personnelles:
Il...Chère Eveline,
Je ne suis pas au courant des détails de cette nouvelle réforme.
Ce que je puis ajouter, encore plus modestement que Christian puisque n'étant ni formatrice, ni spécialiste, je livre ici quelques réflexions nées de mes rencontres et de mes expériences personnelles:
Il me semble important de dire pour commencer que trop de pédagogie ne nuira jamais à l'enseignement mais que pas ou peu de pédagogie mettra immanquablement en péril les élèves.
Mais, comment s'acquiert cette pédagogie, et de quoi est-elle faite?
D'une façon très schématique, trop simpliste me direz-vous peut-être, j'ose proposer les rapports suivants:
1/4 d'intuition (on enseigne comme on est),
1/4 de pratique réflexive (on enseigne contre ce que l'on est),
1/4 de recherche (on enseigne en relation avec les autres),
1/4 de formation théorique (on enseigne à la suite de nos prédécesseurs).
Je ne sais toujours pas s'il existe un ordre à respecter, tant les profils personnels sont multiples. Je ne sais également pas, n'ayant pas été formée dans un IUFM classique s'il existe aujourd'hui des cadres qui centralisent l'ensemble de ces "ingrédients". Mais ce que j'ai pu remarquer c'est que si l'une de ces données manquait, la tentation de la suprématie du savoir savant prônait sur le savoir à enseigner et par effet de domino sur le savoir perçu puis enfin acquis.
Ces savoirs savants sont néanmoins nécessaires et fondamentaux. Personne ne le conteste. Enseigner sans maîtriser nuit gravement à la construction par les élèves des concepts à venir.
Or, à l'école primaire, les savoirs sont multiples et de plus en plus nombreux. Nous sommes en quelque sorte, des généralistes polyvalants sensés enseigner à des enfants de 3 à 12 ans, toutes les matières existantes et à venir. Je serais donc tentée de dire, selon cette hypothèse, que 10 ans, voire même 20 ans d'études ne permettront jamais à l'enseignant d'acquérir la maîtrise dans tous ces domaines qui nous sont donnés d'enseigner. Sans pédagogie, quelles sont alors les attitudes possibles et observables sur le terrain?
1/ Se figer uniquement sur l'enseignement de ce que l'on sait ou croit savoir, au détriment de ce que les élèves réclament et de ce que le socle commun nous invite à respecter. J'enseigne, ils apprennent. Le reste, d'autres s'en chargeront.
2/ S'autoriser d'enseigner à l'aveugle les rudiments en telle ou telle matière, en se disant que nous ne sommes qu'en primaire et que somme toute, ce n'est pas très compliqué de faire apprendre que 2 fois 4 = 8. Numération, calcul, problème, géométrie, tout cela regroupé s'appelle les mathématiques, pourquoi couper les cheveux en 4? 4 poissons de 2 livres chacun, ça fait 8 portions pannées à distibuer pour une famille de 14 personnes (4+2+8=14, n'est-ce pas?)
3/ Aller chercher auprès des collègues des réponses à nos questions en installant des échanges de compétences. Le travail d'équipe, la collaboration professionnelle. Cette démarche nécessite souplesse, implication et guidage.
4/ Lire et s'informer en parallèle et en continu, pour pallier les manques et rester au fait des dernières découvertes.
Nous voyons bien que dans les deux dernières postures, nous entrons dans une démarche qui intègre l'enseignement dans une dimension didactique et pédagogique. Reste que pour un enseignant formé sur la seule base du savoir savant, admettre qu'il ne sait pas tout...relève d'une sacré dose de courage. Et l'humilté, si mes souvenirs sont bons ne s'apprend pas à l'université!
J'en viens à ma conclusion:
Il m'apparaît que quelle que soit la formation initiale des enseignants, en IUFM, à l'université ou sur le tas, la formation continue devrait être rendue obligatoire. Il n'y a que par la confrontation quotidienne et permanente des théories et des pratiques qu'un enseignant parviendra peu à peu à entrer dans l'enseignement.
Augmenter la distance entre le maître, ex-bon élève et l'élève "lamda", (faut-il encore que cet élève existe!) risque de couper l'un de l'autre. "Je ne comprends pas pourquoi il ne comprend pas!"
Réduire la formation à la seule théorie creuse l'écart entre idée du métier et réalité de ce dernier. "Mais, sur le papier, c'est pas comme en classe!"
Ne prendre en compte que le savoir savant entraîne élitisme et formatage, sans considération aucune ni pour l'éducation ni pour le partage des connaissances. "Les résultats sont navrants, ces élèves ne valent rien, ils n'iront nulle part."
Voilà en vrac, Eveline, ma petite contribution de professeur des écoles en manque de formation continue!
J'ai confiance Eveline, je croise chaque jour des collègues impliqués, des familles solidaires et des élèves volontaires. Ce n'est pas facile, loin s'en faut, mais personne ne m'a jamais laissé croire qu'il était facile d'enseigner. Si un jour je deviens formatrice, je m'en souviendrai. Ne pas mentir et ne pas omettre de dire: Non, ce n'est vraiment pas facile. C'est pourquoi il nous faut nous former, encore et toujours davantage.]]>Quand le Pouvoir confond "conditions nécessaires" et "conditions suffisantes"... - Christian Watthez
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2008-06-02T19:18:20+02:00Christian WatthezBonjour Eveline,
Ce qui se passe chez vous (en France) me touche trop et me pousse à vous apporter un modeste point de vue, celui d’un formateur d’enseignants en Belgique francophone.
En Belgique, la qualification professionnelle des instituteurs (on a gardé l’ancienne appellation)...Bonjour Eveline,
Ce qui se passe chez vous (en France) me touche trop et me pousse à vous apporter un modeste point de vue, celui d’un formateur d’enseignants en Belgique francophone.
En Belgique, la qualification professionnelle des instituteurs (on a gardé l’ancienne appellation) correspond à Bac + 3. Par ailleurs, on distingue la formation des enseignant(e)s maternel(le)s de celle du primaire : il s’agit de deux filières distinctes, même si certains cours sont communs et si une année “passerelle” permet de lier les deux.
Bien que la formation belge soit susceptible de faire l’objet de sérieuses améliorations, elle constitue une véritable formation professionnelle, axée sur la maîtrise de la gestion de la classe et la mise en œuvre des apprentissages à tous les cycles de l'école fondamentale. Ainsi, bon nombre d’activités de cours sont centrées sur l’élaboration de pratiques pédagogiques, que chaque étudiant aura l’occasion d'expérimenter en classe lors de périodes de stages et qui feront ensuite l’objet d’un travail d’analyse et de réflexion, intégrant les observations que chacun aura pu faire sur le terrain.
Le diplôme belge étant reconnu comme équivalent à Bac + 3 (et, dans les faits, constitue un baccalauréat européen), nous accueillons beaucoup d’étudiant(e)s français(es), venu(e)s se former professionnellement avant de poursuivre leur cursus en présentant le concours d’entrée à l’IUFM.
C'est ainsi que j'ai souvent l'occasion d'évoquer la formation à l'IUFM avec les nombreuses étudiantes françaises qui ont suivi ce parcours et ont gardé un contact avec leurs formateurs belges.
Toutes tiennent le même discours vis-à-vis des deux années à l'IUFM et mettent en évidence une formation initiale coupée des réalités de la classe. Toutes se demandent aussi comment il est possible de s'en sortir face à une classe sans l'expérience de pratique professionnelle qu'elles ont acquise au cours de leur premier cycle de formation.
Certes, on peut tenir ce type de discours pour n’importe quelle formation professionnelle : ne trouve-t-on pas, inévitablement, un décalage entre la formation initiale et la réalité du terrain ? Après tout, les étudiants belges sont tout aussi susceptibles de développer un regard critique sur l’efficacité de leur formation professionnelle.
Mais il y a plus surprenant.
Depuis peu, de plus en plus d’étudiants français diplômés en Belgique souhaitent y exercer leur profession et abandonnent leur projet initial de passage par l’IUFM, parfois après y avoir été admis (ayant réussi le concours) et même y avoir suivi quelques mois de cours. Le plus souvent, il s’agit de jeunes enseignants ayant fait preuve de qualités remarquables sur le plan pédagogique, et impliqués dans une réelle logique de construction des savoirs avec leurs élèves.
Aujourd’hui même, plusieurs étudiantes françaises (en fin de cycle de formation) sont venues me parler de leur malaise face à ce constat. Et j’ai croisé une étudiante diplômée chez nous l’année dernière qui vient de quitter l’IUFM en claquant la porte, révoltée par le fait que ses formateurs actuels cautionnent les “nouveaux” programmes… qu’elle juge “déprofessionnalisants“ au regard de sa propre conception du métier qu’elle a choisi d’exercer.
Devant le désarroi de ces jeunes enseignants, j’essaie chaque fois de les encourager à passer au-dessus de leur déception, de les convaincre en relativisant le “poids” des deux années complémentaires de formation en regard d’une carrière complète au service des enfants … Mais c’est souvent peine perdue : Le métier de professeur des écoles, comme ils l’ont découvert à l’IUFM, leur semble une impasse...