Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2008-04-30T15:15:52+02:00daily12008-04-30T15:15:52+02:00Politesse, morale et récitation : même combat ! - Christian Montelle
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2008-04-30T15:15:52+02:00Christian Montelle"Comment ceux qui écrivaient cela, et plus encore ceux qui bavent d'admiration devant cette conception de l'éducation, peuvent-ils ignorer que la morale ne peut s'enseigner que par l'exemple, et le vécu ; pas du tout par les discours ?
La morale sera enseignée dans les écoles lorsque la..."Comment ceux qui écrivaient cela, et plus encore ceux qui bavent d'admiration devant cette conception de l'éducation, peuvent-ils ignorer que la morale ne peut s'enseigner que par l'exemple, et le vécu ; pas du tout par les discours ?
La morale sera enseignée dans les écoles lorsque la manière d'y vivre et d'y apprendre sera fondée sur les valeurs de solidarité, d'entr'aide, de respect mutuel, et non sur des relations de pouvoir et de prétendue autorité de l'adulte sur les enfants." dites-vous.
Je suis bien sûr entièrement d'accord avec votre post dans son ensemble, mais là, je nuancerais en ajoutant les récits à l'exemple (ou le récit comme exemple), ce qui ne vous étonnera certainement pas. :-)
Tout d'abord, ce terme de "morale". Qui a dit :
" La morale vient d'en haut : l'éthique vient d'en bas" ? (j'ai juste un trou de mémoire ! Lucien Sève, peut-être) Voilà comment j'entends cet aphorisme. La morale, c'est Guyau et ses Récits moraux et instructifs, ce sont les sermons des curés, voire des instituteurs. Elle impose et donne une furieuse envie de transgresser des principes dont on ne voit pas l'utilité.
L'éthique, c'est un ensemble de comportements sociaux que chacun choisit. Pour laisser à l'enfant cette possibilité de choix, donc sa liberté, je propose la notion de "récit fondateur". Ce sont les récits de la tradition orale, comme les contes (et aussi d'autres textes). Les dés ont été pipés parce que les moines au moyen-âge et les moralistes (Perrault, par exemple) plus tard on ajouté une morale à ces récits populaires pour en faire des exempla, qui ôtaient à l'auditeur le soin de construire seuls ou avec les autres les leçons que l'on pouvait tirer de ces récits qui témoignent de siècles de l'expérience de nos ancêtres.
C'est en Afrique et au contact des griots que j'ai vu ce système en œuvre.
Chez nous, non plus, les versions authentiques des contes ne contiennent pas de morale. Ces récits demandent une interprétation et cette interprétation change avec chaque auditeur, comme je l'ai toujours constaté en racontant aussi bien à des adultes qu'à des enfants. C'est cela la liberté qui nous permet de nous approprier des valeurs de façon sincère et solide.
Quand l'auditeur a construit ses représentations éthiques, certains comportements deviennent tabous (parfois le travail se fait dans l'inconscient). Les pulsions sont régulées selon les us et les nécessités de la collectivité. J'ai connu des enfants, au Maroc autrefois, qui avaient été nourris de ces textes. Leurs comportements étaient plein de respect d'autrui.
Les textes de la tradition orale ne font pas l'économie de la violence qui régit les rapports entre les hommes (au contraire des écoles Steiner, qui pratiquent une utilisation angélique des contes). La violence, la monstruosité, les égoïsmes, etc, apparaissent sous une forme symbolique dans des maquettes de vie qui permettent de voir les conséquences induites par un abandon à certaines pulsions (d'autres pulsions sont tout à fait positives et bienvenues, selon d'autres critères que le critère du "salut").
Depuis que les hommes marchent sur deux pattes, c'est par ces récits que l'on a fondé ce qui est humain dans l'homme. Les discours rationalistes moralisateurs répétés à l'infini ont infiniment moins d'efficacité !
Quant aux Instructions nouvelles !!! Une auditrice de France-Inter (de Toulouse !) disait ce matin qu'elles étaient copiées-collées sur celles de.... 1923 !!! Darchéologiques. Mépris, dressage, instillation de la peur pour tous sont les mamelles de tous les régimes antidémocratiques et il faut commencer très tôt à les dresser ces petits monstres. Les dresser contre tout en les désespérant. Ainsi tomberont-ils tout cuits dans les bras du Sauveur oint d'eau bénite !]]>