Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
https://charmeux.fr/blog/index.php
fr2022-01-18T12:53:28+01:00daily12022-01-18T12:53:28+01:00Quand les mots, mal employés, mènent au drame. - Laurent CARLE
https://charmeux.fr/blog/index.php?2022/01/16/484-quand-l-emploi-des-mots-mene-au-drame#c15625
2022-01-18T12:53:28+01:00Laurent CARLE« Comment expliquer que des Africaines et Africains se retrouvent captifs sur des navires européens, pour, ensuite, devenir esclaves dans les colonies américaines ? »
« Devenir ensuite esclaves » : un esclave est forcément captif s’il n’est pas encore affranchi, alors que tout captif...« Comment expliquer que des Africaines et Africains se retrouvent captifs sur des navires européens, pour, ensuite, devenir esclaves dans les colonies américaines ? »
« Devenir ensuite esclaves » : un esclave est forcément captif s’il n’est pas encore affranchi, alors que tout captif n’est pas esclave. Le terme laisse penser que la captivité maritime mène peut-être les Africains embarqués à l’esclavage. Cette rhétorique égare les élèves qui ont appris à « identifier » les mots.
« Comment expliquer » diffuse un parfum d’ambiguïté laissant entendre que des Africaines et Africains, certains, pas tous, tomberaient captifs sur des navires européens, comme on tombe malade. Leur maladie pourrait évoluer et empirer en esclavage. Sans doute une pathologie liée à la brume marine régnant sur un bateau de croisière européen, qui n’affecterait que les touristes à peau noire.
L’historien parachève le travail de la maitresse de CP qui a appris à déchiffrer et démasque la maitresse de maternelle qui a négligé, selon Bentolila, de développer le vocabulaire, le « bagage lexical ». Qui serait responsable du « déficit de vocabulaire oral qui empêche l’enfant d’accéder au sens des mots écrits, par construction du signifiant phonique du mot » ? Car son « bruit reconstitué représente la clef de l’accès au sens », dit-on, dit-il. Sans ce bruit, la captivité pourrait se transformer en esclavage.
Première hypothèse, soit le prof d’histoire a raté les leçons de vocabulaire en maternelle, cette étape importante de la méthode Bentolila, soit il a appris à lire avec la « globale » que Bentolila nomme « supercherie ». Et donc, sans ce bruit reconstitué, il ne peut pas décoder pour accéder au sens. D’où, l’esclavage à la descente du bateau.
Seconde hypothèse, la rhétorique scolaire use des mots comme de passe-partout pour entrer sans effraction dans l’opinion des élèves.
Précision
N’étant pas homme d’histoire, j’ai fait une courte recherche.
Historiquement à l’époque, et donc didactiquement aujourd’hui, la traite des noirs (le commerce) a été abolie par Napoléon en 1815, après son retour de l’Ile d’Elbe, tandis que l’esclavage existant était conservé. Le décret de Napoléon met fin au commerce (la traite) des armateurs nantais et bordelais, mais ne prive pas de leurs esclaves les propriétaires de plantations dans les territoires d’outremer. L’esclavage dans les colonies sera réellement aboli en 1848 par la IIe République. Entre 1815 et 1848, le noir ne sera plus une marchandise maritime mais demeurera esclave dans les plantations coloniales. On peut donc, volontairement ou involontairement, entretenir la confusion en jouant sur les mots, tant que le système scolaire ne fonctionne pas comme sur l’agora d’Athènes, selon les principes parlementaires de la démocratie. C’est-à-dire, s'il néglige l’aptitude à dialoguer, pour reprendre le mot de « La Brique ». Le prof se dit convaincu que l’abolition de la traite n’abolit pas l’esclavage, mais ne montre aucune aptitude à éduquer. La conviction sans dialogue n’est pas vraiment pédagogique.
A l’hôpital, grâce au système universel de sécurité sociale, on soigne tous les malades. Dans un établissement d’enseignement public, républicain donc, on n’instruit et sélectionne que ceux qui le méritent. Pour ceux qu’on élimine, les idéologues ont inventé le terme lexical « échec scolaire ». C’est pourquoi Brahim, perturbateur du tri sélectif, pointe un problème de vocabulaire susceptible de brouiller les cartes. Il faut le sanctionner.
Enfin, si la question posée à l’élève est un « devoir » individuel, alors ce n’est pas une recherche. C’est du tri.
]]>Quand les mots, mal employés, mènent au drame. - Astro52
https://charmeux.fr/blog/index.php?2022/01/16/484-quand-l-emploi-des-mots-mene-au-drame#c15624
2022-01-17T11:49:27+01:00Astro52En effet, quand des Africaines et des Africains sont capturés par d'autres Africains, qui les revendent comme esclaves à des musulmans, qui les revendent ensuite à toutes sortes de clients dont des européens, ils étaient déjà esclaves avant d'avoir des propriétaires européens.
De fait,...En effet, quand des Africaines et des Africains sont capturés par d'autres Africains, qui les revendent comme esclaves à des musulmans, qui les revendent ensuite à toutes sortes de clients dont des européens, ils étaient déjà esclaves avant d'avoir des propriétaires européens.
De fait, comme le client est chrétien et le vendeur musulman, leur religion respective interdisant à l'un d'acheter un chrétien et à l'autre de lui vendre un musulman, il fallait trouver des esclaves qui soient ni ni l'un ni l'autre, d'où le choix des Africains.
Voilà qui pourrait apporter l'explication attendue par la question.
Mais si c'était là la réponse attendue, lequel des deux aurait eu des ennuis ?]]>Quand les mots, mal employés, mènent au drame. - Laurent CARLE
https://charmeux.fr/blog/index.php?2022/01/16/484-quand-l-emploi-des-mots-mene-au-drame#c15623
2022-01-17T11:28:55+01:00Laurent CARLE« Reconnaître les mots d'un texte ne suffit pas pour le comprendre »
Pire, Bentolila, le ministre et, à leur suite, toute la procession des gardiens du temple en jubilé (dans l’école à la française, c’est tous les jours), n’emploient pas le mot « reconnaitre ». Ils disent «...« Reconnaître les mots d'un texte ne suffit pas pour le comprendre »
Pire, Bentolila, le ministre et, à leur suite, toute la procession des gardiens du temple en jubilé (dans l’école à la française, c’est tous les jours), n’emploient pas le mot « reconnaitre ». Ils disent « identifier » - ça sonne savant - en sonorisant les syllabes. Ils précisent, « maitriser les mécanismes qui permettent au code écrit de fonctionner, apprendre à établir des liens entre les lettres et les sons qui leur correspondent dans la langue orale constitue un savoir-faire nécessaire qui permet à un enfant de pouvoir identifier un mot. »
Cette théorie dogmatique développée sous les auspices de la science linguistique vient justifier ce que l’école républicaine enseignait déjà, sous Guizot, avant de l’être, républicaine. Elle fonde les inégalités sociales et scolaires. Les phonistes en sont fiers. Il semble que le prof d’histoire et la principale, aussi.
]]>