Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2010-10-11T06:59:04+02:00daily12010-10-11T06:59:04+02:00La faute à l'orthographe ? - Eveline
https://charmeux.fr/blog/index.php?2010/10/05/155-la-faute-a-l-orthographe#c1461
2010-10-11T06:59:04+02:00EvelineIl est vrai que l'âtre, sans son accent circonflexe, prend tout de suite une petite allure triste.
Les mots ont un visage qui ne se laisse pas aisément défigurer.
Quant à l'accent circonflexe, on serait malvenu de vouloir le supprimer : n'avez-vous pas remarqué comme il fleurit partout,...
Il est vrai que l'âtre, sans son accent circonflexe, prend tout de suite une petite allure triste.
Les mots ont un visage qui ne se laisse pas aisément défigurer.
Quant à l'accent circonflexe, on serait malvenu de vouloir le supprimer : n'avez-vous pas remarqué comme il fleurit partout, surtout là où on ne l'attend pas ? Dans l'avion vous avez deux fois sur trois l'image difficile à supporter de la porte de placard annonçant la présence d'une "hâche", et chez le teinturier vous êtes invité à utiliser le nouveau produit qui supprime les "tâches"... On est amené ici à supposer qu'il s'agit d'un produit supprimant le travail : encore du chômage en perspective !
Dans une situation de formation d'enseignants, je me suis amusée un jour à dicter à mes enseignants en stage — dans le but de leur démontrer l'absurdité de cet exercice — la fable de La Fontaine : "le chat, la belette et le petit lapin". La moitié d'entre eux a écrit : "Après qu'il eût brouté, trotté etc." Il faut reconnaître que le passé antérieur a un petit air de subjonctif , mais c'est tout de même dans ce sens que se fait l'erreur...
Les choses sont souvent plus compliquées qu'on ne croit, et la simplification n'est pas forcément ce qui est recherché...]]>La faute à l'orthographe ? - J. F. Launay
https://charmeux.fr/blog/index.php?2010/10/05/155-la-faute-a-l-orthographe#c1459
2010-10-07T18:31:52+02:00J. F. Launaycathedra a donné "chaire" (écrit aussi "cherre"): la phonologie historique nous enseigne comment s'est joué cette évidente contraction et simplification du latin dit vulgaire au moyen français...
La dictée, chez nos voisins espagnols, est un exercice incongru. L'évolution...cathedra a donné "chaire" (écrit aussi "cherre"): la phonologie historique nous enseigne comment s'est joué cette évidente contraction et simplification du latin dit vulgaire au moyen français...
La dictée, chez nos voisins espagnols, est un exercice incongru. L'évolution de notre langue fait que la correspondance quasi parfaite oral/écrit (que la "loi du moindre effort", avec des pluriels de plus en plus inaudibles en Andalousie*, risque de faire disparaître chez les ibères) ne peut être retrouvée : pour autant l'éléfant perdrait-il ses défenses s'il perdait son "ph" ? l'inposteur le serait-il moins avec un "n" qu'avec un "m" ? l'atre chaufferait-il moins sans ^ ?
* phénomène étrange : alors que dans le sud de la France on a tendance à prononcer toutes les syllabes (les années qui donnent "anées" chez les paresseux angevins, deviennent des "an-nées" du côté de Toulouse), tandis que les andalous avalent tous les pluriels que le castillan respecte ; illustration de la loi du moindre effort encore : la distinction é/è ( -ai, -ais) disparaît, sauf toujours dans le midi
]]>La faute à l'orthographe ? - Laurent CARLE
https://charmeux.fr/blog/index.php?2010/10/05/155-la-faute-a-l-orthographe#c1458
2010-10-07T14:15:55+02:00Laurent CARLELa question orthographique ne pose pas que des problèmes de cohérence de la langue écrite et de communication entre lecteur et scripteur. Elle est aussi un mal didactique français récurrent.
Comme le dit Jean-François Launay, dans le panorama des mots, « pharmacie » et « éléphant »...La question orthographique ne pose pas que des problèmes de cohérence de la langue écrite et de communication entre lecteur et scripteur. Elle est aussi un mal didactique français récurrent.
Comme le dit Jean-François Launay, dans le panorama des mots, « pharmacie » et « éléphant » sont plus picturaux que « farcie » et « enfant ». Ils ont de la « classe ». Mais leur élégance se paie au prix de la haute couture. Le peuple des écoliers français est sommé d’habiller ses mots chez Dior et Balenciaga. Le luxe est-il à la portée de tous ? Pour que l’orthographe plaise à l’œil raffiné des scribes, dandies de la langue, esthètes et érudits, faut-il que les enfants de France portent à la main qui écrit une plaie chronique qui ne guérit jamais ?
On peut écrire phantasme ou fantasme. Pourquoi pas pharmacie et farmacie ? Le gel de la graphie française dans sa forme baroque et torturée, traditionnelle et conservatrice, induit des comportements didactiques autant abusifs et aberrants que le sont les « règles » d’orthographe elles-mêmes : on « enseigne » l’orthographe, aujourd’hui comme hier, à coups de dictées, bled, punitions, retenues après la classe et pendant les récréations. Pour « plus de 5 fautes » il faut copier 10 fois la dictée « mal » orthographiée. Les gardiens de l’ordre graphique défendent la « pureté » de l’orthographe. En retour, la rigidité de la règle légitime le rigorisme moral de leur enseignement. Depuis que l’école est « démocratisée », beaucoup d’enseignants à cheval sur la règle, scrupuleux mais pointilleux, par déontologie, confondent intransigeance et compétence « professionnelle », dictée et orthographe. Ils se comportent à la fois en gardiens du temple, de la liturgie, du sacré et du musée de l’orthographe, mais surtout pas en pédagogues, entrainés malgré eux et de bonne foi dans le sadisme ordinaire pour la défense et illustration de la dictée aux mille vertus : éducative, formatrice, didactique, éthique, thermométrique et thérapeutique. Historique aussi ! Quand il dicte, le maitre fait renaitre, un instant, la gloire éternelle de son arrière-grand-père. Beaucoup de ces gardiens de l’à-l’endroit oublient que dans la vie courante ou fabuleuse, à l’encontre de Moïse, premier transmetteur dans l’histoire des enseignements sacralisés, eux-mêmes n’écrivent jamais sous dictée. Ils feraient probablement « plus de 5 fautes » à celle de Pivot. Et surtout, cette crispation archéo orthographique obsessionnelle génère des souffrances scolaires et des drames enfantins quotidiens depuis plusieurs générations (bégaiements, insomnies, cauchemars, énurésies secondaires, pertes d’appétit, maux de ventre, vomissements, tremblements, phobies scolaires…), pour un résultat final plus que déplorable (voir les messages écrits des blogueurs d’internet). Bien sûr, une authentique formation professionnelle est plus que nécessaire, mais elle ne changerait rien à la nocivité de ces irrégularités élevées au rang de « règles d’orthographe ». Méthodes traditionnelles et orthographe fossilisée sont liées par une destinée commune. Les écoliers francophones ont besoin à la fois de la modernisation de la graphie française et de la souplesse pédagogique de ceux qui l’enseignent. On ne pourra réformer l’école sans réformer l’orthographe.
A quoi et à qui peut bien servir une « ortho »-graphe tordue qui impose à 60 millions d’habitants de recourir à un expert en logographie pour écrire quatre lignes ? Simplifier l’orthographe serait un travail herculéen et ... inutile. La dépoussiérer, la débarrasser des scories de ses exceptions, l’actualiser pour redonner de la vie à la langue écrite me parait une entreprise de sauvetage d’urgence. Oui, Cavanna, Chevènement, Finkielkraut, les lobbies et bien d’autres ne seraient pas d’accord. Mais, à l’ère des transports motorisés, se déplacent-ils dans la ville en draisienne ?
]]>La faute à l'orthographe ? - Julos
https://charmeux.fr/blog/index.php?2010/10/05/155-la-faute-a-l-orthographe#c1457
2010-10-06T17:12:09+02:00JulosIl me semble bien que ce serait céder à "la loi du moindre effort" que de laisser aujourd'hui l'opinion croire encore un peu plus au simplisme de fausses bonnes solutions réformistes. L'incurie en matière d'enseignement de l'orthographe n'est que le symétrique de ce qui se pratique en...Il me semble bien que ce serait céder à "la loi du moindre effort" que de laisser aujourd'hui l'opinion croire encore un peu plus au simplisme de fausses bonnes solutions réformistes. L'incurie en matière d'enseignement de l'orthographe n'est que le symétrique de ce qui se pratique en matière d'enseignement de la lecture. Dans ce domaine, l'opinion s'insurge et crie au scandale lorsqu'on lui met sous les yeux et dans les oreilles le taux d'illettrés et/ou de non-lecteurs au sortir de l'école ; le reste du temps, l'opinion se satisfait d'un taux réel de lecteurs efficaces stagnant à 30% (taux dont elle ignore d'ailleurs la réalité en grande partie). Or, la plupart de ceux qui se trouvent en délicatesse avec l'orthographe sont AUSSI de piètres lecteurs ! Eveline a bien raison de le rappeler une fois encore. Ça peut sembler un peu trivial de le redire de cette manière mais les mots s'écrivent comme on les voit, très rarement comme on les prononce ! Autrement dit, débarrassons l'enseignement de la lecture de son phono-centrisme borné et l'enseignement de l'orthographe retrouvera d'un seul coup vigueur, créativité et efficacité !]]>La faute à l'orthographe ? - Eveline
https://charmeux.fr/blog/index.php?2010/10/05/155-la-faute-a-l-orthographe#c1456
2010-10-06T09:17:09+02:00EvelineNon, cher Jean-François, je ne peux pas être d'accord avec vous ici.
L'ancien et le moyen français n'obéissaient nullement à "la loi du moindre effort". Ils étaient en train de construire l'écriture en français et son orthographe. Normal donc qu'elle fût "assez libre" : elle se...
Non, cher Jean-François, je ne peux pas être d'accord avec vous ici.
L'ancien et le moyen français n'obéissaient nullement à "la loi du moindre effort". Ils étaient en train de construire l'écriture en français et son orthographe. Normal donc qu'elle fût "assez libre" : elle se cherchait.
De plus, au 13ème siècle, avec le développement du commerce, elle avait besoin d'être comprise par des gens qui ne parlaient pas la même langue à l'oral. D'où la solution de placer dans les mots des repères connus de ceux qui écrivaient, à savoir des références au latin, seule langue commune à l'époque de ceux qui avaient bénéficié d'un peu de culture.
Et cela, d'emblée a placé l'orthographe française dans une direction originale (par rapport à celle des autres langues), une direction d'indépendance par rapport à l'oral avec adjonction de signes visuels, favorisant la compréhension sans passer par l'oral.
Ce qui, au demeurant, est une excellente chose pour la lecture, à condition bien sûr qu'on n'en bousille pas les bienfaits par un apprentissage aberrant, ignorant du fonctionnement écrit de la langue, comme de celui de l'acte de lire...
Tant il est vrai que, pour l'orthographe, comme pour tout le reste, on ne peut comprendre le présent qu'avec la connaissance du passé, et que, sans celle-ci, toute action pour modifier celui-là lui fait courir des risques considérables...
Qu'il s'agisse d'insectes ou de marques orthographiques, rien n'est jamais "inutile" !
PS1 : Dans nos textes, publicitaires ou littéraires, "Home" n'est pas un mot anglais. Il est français, et son "m" unique est un "trait distinctif", bien commode pour savoir de quoi on parle. Cette notion de "trait distinctif", que l'on doit à André Martinet, mais déjà présente chez Grand-papa Saussure, est une fameuse trouvaille pour comprendre plein de choses...
PS2 : Un ami vient de m'envoyer ce joli exemple : son grand-père, instit, disait : " C'est vrai qu'elle plaît, l'orthographe !", et comme c'était de l'oral, les élèves comprenaient : "C'est vrai quelle plaie, l'orthographe !" Heureusement que l'écrit ne transcrit pas l'oral !!]]>La faute à l'orthographe ? - J. F. Launay
https://charmeux.fr/blog/index.php?2010/10/05/155-la-faute-a-l-orthographe#c1455
2010-10-05T16:29:23+02:00J. F. LaunaySimplifier l'ortografe n'est absolument pas de même nature qu'une "simplification" des maths.
L'ancien et le moyen français - si j'en crois les lointains souvenirs d'un certificat de licence - obéissait à la loi du moindre effort, avec une simplification des mots et une orthographe...Simplifier l'ortografe n'est absolument pas de même nature qu'une "simplification" des maths.
L'ancien et le moyen français - si j'en crois les lointains souvenirs d'un certificat de licence - obéissait à la loi du moindre effort, avec une simplification des mots et une orthographe assez libre (et cela jusqu'au moins le XVIIe siècle pour l'ortographe). Avec le blocage acharné (voir le déchaînement contre une timide réforme dite "Rocard" qu'il faudrait plus justement baptiser "Encrevé", le linguiste qui conseillait Rocard) qui sévit depuis des décades, il est interdit de se débarrasser de "ph" inutile (la "farmacia" des espagnols fournit-elle des médicaments de moins bonne qualité que la "pharmacie" française ?), des accents circonflexes inutiles, des doubles consonnes qui ne le sont pas moins (l'exemple home vs homme oppose, sauf erreur, un mot anglais à un mot français et on ne peut dire que le sens d'un mot dépend du contexte et prétendre qu'il puisse y avoir confusion entre deux mots hors contexte).
Dans le même temps, contrairement aux espagnols - voire aux québécois - nous sommes incapables de franciser des mots anglo-saxons.
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