Le blog de l'amie scolaire : Questions de profs. Ce blog n'est pas un forum de débat entre partisans et adversaires de la pédagogie. Il veut être un lieu de réflexion et d'échanges pédagogiques destiné aux professionnels de l'école et à tous ceux qui s'interrogent, doutent, cherchent, souhaitent une aide à la recherche, à la pratique du métier, sans oublier les parents, bien sûr. Nous répondrons à toute question, non polémique... - Commentaires
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fr2019-12-02T15:38:11+01:00daily12019-12-02T15:38:11+01:00Apprendre le temps... - Julos
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2019-12-02T15:38:11+01:00JulosLe temps est en effet une notion si complexe à saisir et à manipuler qu'autant d'esprits prestigieux s'y sont intéressé. Parmi eux, il y a tout près de nous Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences. Éveline et David ayant déjà bien provisionné le sujet sur le plan pédagogique je...Le temps est en effet une notion si complexe à saisir et à manipuler qu'autant d'esprits prestigieux s'y sont intéressé. Parmi eux, il y a tout près de nous Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences. Éveline et David ayant déjà bien provisionné le sujet sur le plan pédagogique je me limiterai à suggérer la lecture d'un entretien d'E.Klein au Monde : www.lemonde.fr/tant-de-te...
et, pour les plus curieux encore, une conférence sur le thème "Que savons-nous du temps ?" : www.youtube.com/watch?v=N...
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2019-12-01T12:38:14+01:00David« Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l'éducation ? Ce n'est pas de gagner du temps, c'est d'en perdre. » Jean Jacques Rousseau
« Oui, mais il y a la pression du programme !
C’est sûr. J’entends cette objection. Mais là-dessus,...« Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l'éducation ? Ce n'est pas de gagner du temps, c'est d'en perdre. » Jean Jacques Rousseau
« Oui, mais il y a la pression du programme !
C’est sûr. J’entends cette objection. Mais là-dessus, Rousseau nous avait déjà donné la clé : l’éducation, c’est perdre du temps pour en gagner ! Un élève qui apprend à comprendre, qui se méfie de sa réponse immédiate pour réfléchir et mener une petite controverse intérieure, pour s’imaginer les objections à ses propres opinions est un élève qui va progresser dans la construction de son intelligence beaucoup plus rapidement qu’un autre. Et donc avec lequel progressivement on pourra travailler de plus en plus vite. Il faut accepter cette perte du temps parce qu’elle est nécessaire à la construction de l’intelligence. » Philippe Meirieu
Alors je suis peut-être un peu hors sujet avec ces citations car Eveline parle bien sûr de la construction du temps chez les élèves et non de la gestion de temps de l’enseignant (ou chronogénèse), ce fameux temps d’apprentissage.
Pourtant, comment permettre aux élève de comprendre le temps, si nous-même nous sommes stressés pas le temps. Quel enseignant fait prendre conscience aux élèves du temps qui passe ?
Alors je ne vais pas être loin de paraphraser ce que dit déjà Eveline plus haut. Mais quel enseignant demande à la fin d’une séance ce que ses élèves ont appris ? Leur fait-il prendre conscience que sur ce temps où ils étaient en classe durant 1h-1h30, il s’est passé quelque chose, qu’ils ne sont plus les mêmes qu’avant de rentrer dans la classe classe ?
Certes la plupart des enseignants écrivent la date au tableau et la font écrire dans les cahiers, mais quel enseignant fait prendre conscience à ses élèves de l’avancée dans l’année ? Ce qui est le plus étrange c’est que cela fait de manière naturelle en maternelle comme le précise Eveline.
En effet, nombreux enseignants barrent les mois passés avec les élèves, ils montrent ainsi l’avancée dans l’année en relation avec les jours qui passent etc. Mais au cycle 2 ou au cycle 3, pourquoi cela ne se fait plus ?
Et pourtant, montrer le temps qui passe dans une année scolaire c’est aussi un bon moyen de travailler les fractions. « Nous avons fait 1/3 de l’année, regardez ce que cela représente… etc. » Au passage, quand on fait prendre conscience à nos élèves que fin janvier, ils viennent de finir la moitié de l’année, souvent ils sont super surpris, voire ils n’y croient pas.
Mais allons plus loin, quand on parle de dates historiques avec eux, il faut pouvoir les mettre en relief. Par exemple 1969, le premier homme sur la lune, (il y a 50 ans). 50 ans cela parait loin pour des enfants. Mais, si on leur dit que leurs parents sont nés 5, 10 ou 15 ans après cette date, alors certains élèves commencent à mesurer la proximité de cette date. Et si on ajoute qu’eux-mêmes ont déjà 10 ans, finalement ces 10 ou 15 ans deviennent plus petits… (« 50 ans ce n’est pas si loin que cela finalement ! »)
Pour terminer, parlons des dinosaures. Pour beaucoup d’enfants de primaire, le temps le plus loin qui existe c’est le temps des dinosaures, et même si c’est très loin, pour eux le premier homme est apparu pas très loin après. Certains élèves se risquent même à dire que leurs grands-parents ont connu les dinosaures … Et cela rejoint exactement ce que dit Eveline plus haut, si on leur fait apprendre des dates sans leur faire prendre conscience de celles-ci, les élèves ne peuvent pas se les représenter. 65 millions d’années c’est quoi ? C’est beaucoup, mais c’est quoi ?
Quand on sait qu’à notre époque, certains peuples autochtones ne possèdent qu’un nombre limité de mots pour désigner les nombres. Par exemple les membres de la tribu Piraha, chasseurs cueilleurs, d’Amazonie ne comptent que jusqu’à 2. Au-delà, c’est plusieurs ou beaucoup.
Alors un enfant, peut-il se représenter le temps sans avoir construit le nombre en même temps ?
Et pourquoi pas dérouler un fil dans la cour et leur monter que le départ du fil c’est la fin des dinosaures et qu’à l’autre bout, c’est l’apparition de l’homme. Il suffit de leur dire qu’à chaque mètre parcouru nous avançons d’1 million d’années dans le temps. 65 m c’est déjà une bonne partie de la cour.
« Regardez, l’homme apparait ici et les dinosaures, vous voyez c’est là-bas. Mais rappelez-vous ce que vous voyez c’est bien sûr un mètre qui correspond à 1 million d’années.
Maintenant, si nous avions un fil où chaque mètre représente 100 000 ans il nous faudrait un fil de 650 m c’est-à-dire 6 terrains de foot ! » « Et nous alors ? » « Eh bien au bout de 6 terrains de foot de marche, il te suffirait de faire 2 pas de plus et ce serait toi, tu serais à 2 pas du premier homme ! Mais ce n’est pas tout si nous voulions un fil ou chaque mètre représente 1000 ans il nous faudrait un fil de 65 km ! »
Et enfin, tout didacticien avait anticipé cette question qui ne tarde pas à tomber. « Et si 1mètre correspondait à 1 année, il nous faudrait combien de fil, demandent les élèves » « Tout simplement 65 000 km, soit un tour + ½ tour de la Terre. Alors vos grands parents ont-ils connus les dinosaures ? »
Se pose alors une question : sortir ses élèves de la classe pour leur faire prendre conscience du temps, cela prend-il trop de temps ?
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